Patron incontestable du rap-jeu, Booba fascine et inspire le rap français depuis des années. Entre un immense respect, un brin de jalousie jusqu’à pour certains en arriver aux clashs, les références à l’artiste se multiplient dans les textes. 16 Mesures revient sur les indénombrables références au patron du rap français.
DE DUC À ROI
Avec des années d’existence musicale et de dictature, Booba a influencé énormément d’artistes, on le retrouve mentionné par Jul, Oli, Gradur ou encore Jok’air dans Big Daddy jok qui « vient faire danser Paname comme Booba et Fally » en référence à Kiname. Mais on retrouve surtout des références assez envieuses mais synonyme d’une réussite comme Sadek qui veut être plus fort que lui, Deen Burbigo qui veut vendre plus que lui, ou encore Freeze Corleone qui ironise sur le fait qu’il fait plus d’argent que Booba. L’argent de Booba est une véritable mine à punchlines, une mine qui aura une conséquence pour Fianso, mais nous y reviendront plus tard.
Il est vrai qu’on retrouve un côté assez envieux de la réussite du DUC, par exemple Lorenzo dans le Freestyle du sale lorsqu’il dit qu’il vient rapper pour piquer les beurettes de Booba ou encore dans le tube Jeune Demoiselle de Diam’s, où son mec mortel doit avoir la plume de Booba. Enfin, Caballero, lui détient une vraie admiration pour l’artiste : « Je veux faire comme Booba : rapper bien et puis dev’nir le boss après » ou encore dans Clonez-moi : « les plus faibles ne survivent pas, Booba attaque Rohff ». Cette admiration se retrouve aussi chez le groupe 47 Ter qui a réalisé un morceau « On vient gâcher ton classique » sur une instru du Duc. Dans ce morceau bien représentatif du contenu, ils expliquent qu’ils ne seront jamais validés par Booba. Depuis ils ont explosé, et malgré le succès qu’ils ont, cela reste toujours le cas.
D’autres références sur sa carrière impressionnante existent comme celle de Volts Face sur l’album Futur de Booba dans le morceau De l’ombre à la lumière, Gims dans 150 sur le fait qu’il traverse les époques, ou encore Youssoupha dans J’ai changé qui dit que les rappeurs essaye de faire comme lui mais qu’ils le font mal. Dans cette somptueuse carrière remplie d’évènements marquants, le S-Crew dans Les 15 fantastiquesréférence ce fameux concert où il a lancé une bouteille de Jack Daniels dans le public.
LES SUSPECTES RÉFÉRENCES
On retrouve parmi les références suspectes, celle de Fianso comme évoqué plus tôt. Dans X, l’artiste du 93 explique qu’il connaît « des mecs qu’ont dix fois l’oseille à Booba ». Bien que le rappeur s’est défendu en disant que la phase n’était pas un pic, son explication fut tout de fois étrange et il n’a pas manqué de se faire reprendre par Booba. Parmi les mésententes, Booba toujours aussi rancunier, publia l’année dernière la sextape du rappeur qui s’en est suivi d’une suspension du compte par Instagram. Pour terminer, dans le douzième #JESUISPASSÉCHEZSO de Fianso : « Joue à Jack Sparrow sur ton vieux radeau » et conclu ironiquement « Maintenant qu’tout l’monde a vu mon cul, autant que j’leur montre mon oseille ».
Dans un autre contexte, Kalash Criminel cite Booba dans Pronostic : « Dans c’game, ils ont tous peur de Booba, j’dis tout haut c’que les gens pensent tout bas ». Cette punchline n’est pas un clash, c’est un fait qui démontre la vrai emprise qu’à Booba sur le rap. En preuve le nombre incalculable de référence à l’artiste du 92. Tout comme pour Fianso mais à un degré moindre, on ne peut pas parler de véritable clash, mais plus d’enfantillages et de désaccords bien que suspects dans leurs fonds. A voir lors de la sortie du prochain album du cagoulé le plus connu de France si jamais Booba va le taquiner.
Enfin en référence suspecte, on a celle de Shay, ancienne membre du 92i dans Jolie : « Booba mon negro sûr, même s’il se désabonne ». On aurait pu croire sur l’instant à une revanche de l’artiste belge mais le rappeur lui donné son soutien par la suite à de multiples reprises, et Shay a bien rappelé à de nombreuses reprises l’admiration qu’elle a pour sa carrière dans des récentes interviews.
AU CŒUR DES CLASHS
L’un des clashs les plus marquants de Booba, c’est celui avec la Fouine. Parmi les multiples échanges, on retrouve le morceau Autopsie 5 où il traite Booba d’homosexuel ou encore dans T.L.T où il rappelle qu’il ne peut pas être antisémite car ils ont collaboré. On retrouve également MC Jean Gab1 dans J’t’emmerde qui fait un parallèle entre l’artiste et Bouba le petit ourson ou encore Rohff dans PDRG. Le clash avec ce dernier a suscité des références comme chez Still Fresh, Ademo ou encore Black M.
Il y en a eu des clashs, et comme la piraterie n’est jamais finie, il faut s’en attendre à d’autres. Mais aucun d’entre eux n’arrivera à détrôner celui avec Kaaris. Bien que récent, mais qui s’est surtout très envenimé ces deux dernières années, les échanges étaient une véritable série. L’épisode d’Orly en témoigne dans leurs propres textes dans Sale Mood ou Aieaieouille et Débrouillard, mais c’est l’épisode de l’octogone comme chez Dinor Rdt dans le morceau éponyme qui attend que la bagarre ait lieu.
Le dernier en date, c’est celui avec Damso. En soit on pourrait même pas parlé de clash car les deux artistes se respectent toujours, seulement Booba en veut surtout à ceux qui entourent l’artiste belge et qui l’auraient détruit artistiquement. Damso salue le fait que Booba l’ait mis en avant dans Dix Leurres. Même si Booba ironisé dans PGP qu’il s’est acheté deux maisons grâce à l’album d’Ipséité et que Damso raconte que les maisons de disques sont des salopes dans Tricheur, cette « guerre » est plus une « série de titillements » qui laisse quand même un respect musical de l’autre saupoudrée de légères tensions artistiques.
PAS DE TEMPS MORT POUR LUNATIC
Pour 16 Mesures et surement pour une grande partie du public, Mauvais Œil de Lunatic est le plus grand album de l’histoire du rap français. Ce dernier on le retrouve par exemple chez Kekra dans Pas joli. Mais cet album est surtout cité à travers le groupe Booba-Ali ou simplement Lunatic. La liste est longue, elle va de Deen Burbigo ou LuXe à Médine en passant par Georgio et Kofs. La dernière punchline récente, c’est sur l’incroyable passe-passe de Nekfeu et Alpha Wann de Compte les hommes : « Qui peut faire le mieux qu’nous à part Lunatic en passe-passe ? ».
Après Lunatic, Booba a explosé en solo avec un album intemporel : Temps mort en 2000. Cet album est également un album référence qu’on retrouve cité chez Nekfeu ou chez Les Frères Lumières mais la plus belle reste cette de Josman dans L’Occasion : « J’avais rien et j’voulais tout, j’rêvais d’avoir des couilles en or, et j’m’endormais sur du Temps Mort ».
Pour conclure cette chronique, 20 ans après Mauvais Œil et dans l’arrivée prochaine d’un nouvel album du Duc, Booba cultive toujours autant d’intérêts et de respect. Aujourd’hui, le public se divise entre le détester car il exerce une véritable dictature et d’un autre, un respect fort et inconditionné pour sa carrière. Au-delà de ces références citées, c’est tout une bibliothèque qu’il vous reste à réécouter ou à découvrir. Booba restera sans doute dans l’histoire comme le plus grand rappeur français. Nous terminerons par le sublime honneur de Dinos dans l’intro de Taciturne qui reprend un extrait du morceau Banlieue avec Rim’k : « J’suis sur le cran d’arrêt, j’me demande à quoi sert une maison d’arrêt. Les jaloux disent qu’on meurt bientôt, à c’qu’il paraît ».