Disparu le 6 septembre 2021, Jean-Paul Belmondo a su marquer l’histoire du cinéma français, que cela soit par ses interprétations, son charisme ou tout simplement par ses films. Si “Bébel” a su offrir quelques cascades impressionnantes, il a également su inspirer les rappeurs dans l’écriture de certaines phases : un as parmi les as cités par les artistes.

« Devenir légendaire comme Belmondo » – Lord Esperanza, Surveille le ciel

B POUR BAGARREUR

Fils du sculpteur Paul Belmondo et de la peintre Madeleine Rainaud-Richard, Jean-Paul Belmondo a grandi au sein d’une famille d’artistes. Même si tout pouvait mener à penser que cela serait son destin, le jeune Belmondo est d’abord passionné de sport et notamment de boxe. Cela a notamment été un facteur clé pour l’artiste dans ses films, ayant souvent ce statut de bagarreur qui a plu aux rappeurs comme TripleGo, XVBarbar ou encore Lasco : « Y a bagarre générale, j’me prends pour Jean-Paul Belmondo ».

« Nerveux comme Joe Pesci, j’me tape comme Belmondo » – Pispa (XV Barbar), C’est la base

Du Marginal à L’homme de Rio en passant par Le Professionnel à Flic ou voyou, Belmondo et les scènes de bagarres, on ne peut les compter sur les doigts d’une main tellement on peut en retrouver. Toujours dans le sensationnel. Dans le Marginal, Bébel saute d’un hélicoptère sur un bateau afin d’en découdre avec des trafiquants de drogues. Un Belmondo prêt à se bagarrer, il vaut mieux fuir car il ne lâchera pas l’affaire comme sous-entend Timal : « J’les ai dans l’viseur comme Belmondo » (La 10).

UN ACTEUR-CASCADEUR

Dans ce côté sensationnel, Jean-Paul Belmondo était connu notamment pour être l’un des premiers acteurs à réaliser lui-même ses cascades. Son nom était associé à cette casquette de cascadeur dans l’esprit général. Les rappeurs n’ont pas manqué de se comparer à ce dernier pour cette raison : « Cascadeur et solidaire tah Belmondo » (Rohff, Qui veut ma peau ?) ou encore chez Senamo et Oxmo Puccino. 

« Comme Jean-Paul Belmondo, on faisait nous-même nos cascades » (Grems, Vacances)

Parmi ses différentes cascades, on pense notamment à la scène dans le Guignolo où il survole Venise en hélicoptère, mais encore à la célèbre scène de Peur sur la ville dans lequel il se retrouve debout sur le toit d’un train en marche comme réfère 3010 dans le morceau Belmondo : « Debout sur un train en marche, clean Jean-Paul Belmondo ». Il s’agissait bien de l’acteur lui-même. Même blessé, il refaisait les cascades  jusqu’à avoir la meilleure prise.

Peur sur la ville, scène du métro

UN HOMME SIMPLE

Belmondo est resté classe malgré la célébrité et l’argent qu’il a emmanché qui fait rêver Le Rat Luciano. En effet, là où beaucoup d’acteurs ou vedettes en général de sa génération ont développé des égos sensationnels, Belmondo a toujours voulu garder sa bienveillance auprès d’un public à qui, il devait tout. Même si à la fin de sa vie, il avait le « visage marqué » que décrit Lorenzo dans Bouteille d’eau, ce n’est pas pour autant qu’il en avait perdu sa classe. 

« Réplique de Belmondo, high kick de Cheick Kongo » – Zek, Buzz l’éclair

Des beaux discours, une attitude devant la caméra, des personnages décalés et comiques, un dragueur hors-pair des années 70-80, Belmondo a inscrit son charisme sur le grand écran en restant tout à fait crédible dans ses rôles : « Charismatique, prêt à tout, j’sors le même flingue que Belmondo » (Honey, Zola). 

LES 3 FILMS QUE LE 16 VOUS CONSEILLE

Étant de grands amateurs de cinéma, voici le conseil de trois films, en toute subjectivité, qui reflètent bien le personnage qu’était Jean-Paul Belmondo. 

BORSALINO

1970, réalisé par Jacques Deray, avec Alain Delon

« Il faut la caille comme Alain Delon ou Belmondo », Génération Wesh Wesh, El Matador

Deux monstres sacrés se partagent l’affiche au cinéma pour la première fois, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un film inspiré du livre Bandits à Marseille d’Eugène Saccomano. Succès important à près de 5 millions d’entrées, le film a su jumeler la noirceur et le sérieux Delon ainsi que le charmeur et l’humour de Belmondo. Les deux acteurs enchainent magouilles et règlements de compte afin de devenir, non pas les « nègres de la pègre » comme le dirait Damso dans Que de la vie, mais les caïds de la pègre de Marseille.

L’AS DES AS

1982, réalisé par Gérard Oury, avec Marie-France Pisier

« Envolés nos rêves de gamins d’être Belmondo dans L’as des as », Neka, On rap fort

Un mélange entre fiction et réalité historique. En 1936, peu de temps avant le début de la Seconde Guerre mondiale, les Jeux Olympiques sont organisés en Allemagne alors sous le régime nazi d’Adolf Hitler. Belmondo alors coach de boxe de l’équipe de France olympique part en Allemagne mais n’a pas l’intention de défiler devant le Führer. Il fait alors la rencontre d’un enfant juif et se retrouve alors dans des péripéties pour l’aider à se rendre en Suisse. L’As des as est un mélange d’actions à connotations historiques avec toujours cette petite touche humoristique propre à Belmondo.

« J’lâche des phases qui fâchent et tous les lâches dégagent, comme Belmondo dans « L’As des As » » Freestyle “Ça bouge pas dans l’monde de Narnia”, Walaz

LE MAGNIFIQUE

1973, réalisé par Philippe de Broca et co-scénarisé par Francis Veber

Le rap français n’a jamais vraiment fait le lien avec ce film dans leurs textes, pourtant il y a matière. Si l’histoire semble sur le papier plutôt classique : un écrivain déchu et timide vivant à travers le personnage de son roman et s’invente la vie et le caractère qu’il aimerait avoir, tombe amoureux de sa voisine de palier. Là où le film devient très intéressant, c’est dans sa construction et sa réalisation. En effet, on se retrouve parfois avec un mélange entre les scènes de ses romans et la vraie vie, généralement dans d’excellentes transitions car les personnes que l’auteur côtoie au quotidien, il les transforme en personnage. 

Pour conclure, Belmondo s’est éteint à l’âge de 88 ans à Paris, laissant derrière lui un style et une classe incomparable dans le cinéma mais également dans le théâtre, là où tout a démarré pour lui. De Cyrano de Bergerac à l’Itinéraire d’un enfant gâté, le parcours fut sensationnel. Dans les prochaines années, le rap français continuera de régulièrement lui rendre hommage car s’il y a bien un acteur qui ne pourra plus jamais être l’inconnu dans la maison de l’art, c’est Jean-Paul Belmondo.