Ouvrons les livres, branchons ou connectons nos écouteurs, appuyons sur le bouton PLAY, et c’est partie pour la deuxième chronique qui lie le rap français et la littérature. Après un premier épisode sur Charles Baudelaire qui s’ouvrait avec la possibilité d’un deuxième épisode sur un autre auteur, nous partons désormais dans l’univers de Guy de Maupassant.

            Écrivain et journaliste français, Henry-René-Albert-Guy de Maupassant est un auteur de la deuxième moitié du XIXe siècle. Même si on pourrait résumer sa carrière d’auteur de littérature à une décennie de 1880 à 1890, le français a su entrer dans le cercle des écrivains historiques de la littérature française. Entre naturalisme, réalisme, fantastique et pessimisme, Guy de Maupassant fut l’auteur de six romans entre 1880 et 1888 mais également de 300 nouvelles et contes. L’artiste français mourut à l’âge de 42 ans en 1893.

« Les nouvelles sont pas bonnes, c’est pas celles de Guy de Maupassant » – Hassan Sabbah, Georgio

            L’auteur de la nouvelle Boule de suif en 1880, ne manquera pas de se faire citer dans le rap français. Damso dans QuedelaVie comparera l’épilation d’une femme de joie à la célèbre moustache de Maupassant, mais l’auteur se fera aussi citer chez Jul, Hooss ou encore Rockin’Squat dans Enfant du siècle qui se considère comme maitre de son domaine comme Maupassant dans ses nouvelles, notamment à la qualité de ses dernières et à leurs nombres.

« Je ne suis pas un poète, mais ferais rougir des Maupassant » – Aime-moi à l’imparfait, Rohff

            La plume de l’écrivain a souvent été comblée de louange et prise pour exemple par les rappeurs pour dire qu’ils écrivent bien. Timal dans 5ème rapport ou encore Infinit’ dans D’en bas : « Personne négocie les prix de nos marchands, j’écris comme Guy de Maupassant, il me faut d’l’argent ». Certains rappeurs sont des lecteurs, si certains le citent comme modèle sans pour autant connaître son histoire et ses écrits, d’autres vont justement aller plus loin.

Kalash Criminel qui a pour particularité d’être un rappeur engagé qui aime étayer des faits qui le choque afin de sensibiliser la jeunesse, a notamment combiné son nom d’artiste avec celui de l’écrivain dans Pistons vs Pacers avec Alpha Wann devenant ainsi « Criminel Maupassant ». Il vient ainsi faire un clin d’œil au réalisme qui vise à représenter la réalité le plus fidèlement possible.

Parmi les œuvres les plus connues, on retrouve Le Horlà. Dans cette nouvelle, Maupassant raconte l’histoire d’un homme qui tombe peu à peu dans la folie. Citée chez Disiz, c’est réellement Nekfeu qui emporte la palme de la référence avec un morceau également intitulé Le Horlà. Dans ce morceau, l’artiste parisien fait des constats de la vie avec notamment la trahison, la solitude, l’abandon, le mensonge et d’autres points qui viennent peindre la noirceur de l’Homme et le début de folie à l’instar de l’œuvre de Maupassant. Cette sensation de l’homme meurtri est très présente dans la majorité des textes de Nekfeu.

« On bicrave, on envoie des médocs aux patients, j’écris ta beauté mais j’me sens comme Maupassant » – Jamais revenue, Luv Resval

Cette histoire du Horlà, vient faire un parallèle avec la vie de Guy de Maupassant. A l’instar de son frère Hervé, Guy sombre de plus en plus dans sa folie et dans ses hallucinations. Cette conscience d’être en train d’empirer dans ses troubles qui le conduiront à une paralysie générale, il devient paranoïaque et angoissé. Cette oppression de la vie et de lui-même est citée en guise de comparaison chez Médine ou encore Alkpote : « Dans cette vie oppressante j’écris comme Guy de Maupassant » (Freestyle Crasserie Side).

A la fin de sa vie, après avoir réalisé quelques démonstrations de folie, Guy de Maupassant fut interné à la clinique de Passy où il enchaine les crises d’épilepsie avant de sombrer dans le coma et de perdre la vie. Et si cette chronique se termine sombrement, autant qu’elle se cloture par une punchline de l’auteur : « Je suis entré dans la vie littéraire comme un météore et j’en sortirai comme un coup de foudre ».

Comme pour le premier article, nous vous conseillons 9 morceaux de rap hyper bien écrit :

  • Dieu Bénisse les enfants, Benjamin Epps
  • Humanoïde, Nekfeu
  • Loup noir, SCH
  • Journal perso II, Vald
  • Agoué, Luidji
  • Petit frère, IAM
  • Petit Prince, Sadek
  • Rien de spécial, Népal
  • Mental, PLK