Quelques rimes affutées dans quelques courts projets ou sur quelques featurings, robdbloc, anciennement Robin des Blocs, a parfait ses textes et son rap depuis Créteil. Bien qu’il ait commencé à écrire depuis plus d’une dizaine d’année, ce n’est que très récemment que son nom a émergé sur le devant de la scène rap. 16 Mesures s’est entretenu avec lui à l’occasion de son nouvel EP : Rien ne change, dans les studios de Grande ville.
Pour quelle raison tu as décidé de raccourcir ton nom de scène Robin des Blocs en Robdbloc, qu’on prononce d’ailleurs « Rob-des-Blocs » ?
Oui à l’écrit c’est un enfer (rires). En fait pour être franc, c’est un choix personnel car le nom Robin des Blocks m’avait un peu soulé. J’avais besoin de le faire évoluer, et l’idée de le contracter m’est venue. On a pu entendre parfois une lecture bête et méchante du nom mais on prononce bien « Rob-des-Blocs », c’est de ma faute j’ai mainfuck les gens (rires).
En 2021, tu as sorti 3 EPs qui se suivent avec une direction artistique particulière, les appartements 303, 404 et 505, pourquoi avoir choisi cette DA là sur ces EPs ?
Très honnêtement, il n’y a pas un énorme travail de fond qui a été fait sur la DA, néanmoins le but c’était de faire une série de projets très instinctifs et de montrer des morceaux et des chutes de studio. L’idée des appartements, c’est la première idée qui s’est imposée à moi, c’est là d’où je viens et dans mes textes j’y raconte beaucoup de choses par rapport à ma ville et au bâtiment.
On est à Grande Ville studio, dans l’un des studios où l’équipe du Goldstein peut se retrouver, précisément dans le studio de Kezo, comment tu as fini par rencontrer toute cette équipe ?
À un moment, je cherchais un nouveau studio car j’enregistrais à Créteil, et je suis tombé sur ce studio sur Facebook. J’ai vu qu’il y avait des gens qui étaient déjà en place au niveau du rap, donc je me suis dit qu’ils faisaient du travail de qualité, tout simplement. Donc au départ j’étais client, mais on s’est vite très bien appréciés, humainement et musicalement et on s’est retrouvé à rouler tous ensemble, c’est venu naturellement.
Il y a un morceau, qui récemment t’a mis en avant et qui a permis à beaucoup de personne de te découvrir, c’est Mental avec Jazzy Bazz sur son album Memoria. Raconte nous l’histoire de ce morceau et de cette invitation luxueuse.
Totalement. En fait, il bossait sur son nouvel album, il ne l’avait pas encore fini. On s’était rencontré via le Goldstein et l’équipe pendant cette période. J’étais dans les parages pendant que l’équipe travaillait sur l’album. Puis un jour, il y a eu une prod qui a été faite par Loubenski et Johnny Ola. On l’a tous les deux kiffés, puis des mois plus tard on l’a déterré et on a enregistré dessus et il a fini sur l’album. Le morceau a survécu au temps et aux sélections. On avait vraiment pour idée de rapper à fond dessus, avec des passes-passes, et puis de toute façon, la prod n’amenait pas d’autres possibilités que celle de se faire découper.
On sent une vraie passion pour la rime et de vouloir trouver le texte juste et en même temps garder une technique dans les schémas de rimes. D’où te vient cette passion qu’est ce qui t’as fait orienter ton rap dans cette direction ?
Je pense c’est avec tout ce que j’ai écouté au fil du temps. Il y a eu beaucoup de rappeurs que j’ai écouté quand j’étais jeune, qui m’ont matrixé au niveau de leurs flows et de leurs manières de se placer sur une prod, ça m’a donné un peu cette quête d’être satisfait par les flows que je crée. Au début, j’écrivais beaucoup pour la rime et l’assonance parce que je ne savais pas vraiment de quoi je voulais parler. Et au fil du temps, avec les conseils aussi de mes proches, j’ai continué à rimer comme je kiff mais en personnalisant un peu plus les textes et de vraiment aller chercher ce que j’ai en moi plutôt. Pour les rappeurs américains, il y avait aussi Big L et Biggie, et en France c’était plutôt des mecs comme Nubi, Ill des X-Men ou même Booba qui avait des placements et des flows de fou surtout dans ses anciens albums. Aujourd’hui, beaucoup d’artistes m’inspirent encore, même des gars que je n’écoute pas forcément tout le temps, car ils peuvent m’inspirer sur un morceau ou même sur une phase sur laquelle je vais bloquer.
En parlant d’inspiration, il y a un moment où tu dis dans Blunt, « j’écoute encore Boss de Paname », un morceau d’Alpha 5.20, qu’on peut certifié de classique, pourquoi tu le cites à ce moment-là ?
En fait je l’avais écouté récemment avec un pote à moi. En l’écoutant, ça m’a ramené à l’époque où je l’écoutais, où je me bousillais à Alpha 5.20. À cette époque, le rap ce n’était pas du tout ce que c’est aujourd’hui, je fais l’ancien mais c’est vrai. Il appartient à une époque de rois sans couronnes. Il semble que notre génération ait transmis ce savoir à la nouvelle et aujourd’hui, les gens savent qui sont ces rois sans couronnes et peuvent les écouter.
Parmi ceux qui t’entourent, on retrouve Johnny Ola, beatmaker de talent, avec qui tu as réalisé un projet et qui est derrière la plupart des prods de ce nouveau projet, quel lien tu entretien avec lui ?
Johnny, c’est un frère pour moi, c’est lui qui m’avait proposé avec Jazzy de rouler avec eux et de faire nos projets ensemble. C’est le réalisateur de la plupart des projets qu’on sort au Goldstein, notamment dans les prod et dans les mix. Il est partout, c’est un peu un chef d’orchestre (rires). Je travaille énormément avec lui, et on a beaucoup évolué notre façon de bosser. Parfois on est en résidence, parfois on est simplement au studio et une prod passe et j’écris dessus. Après ma création est un peu plus lente, dans le sens que j’ai appris à écrire chez moi et surtout isolé. Ce n’est que récemment que j’arrive à écrire en studio même quand il y a du monde.
Tu sors un nouveau projet, Rien ne change, quelles sont les nouvelles perspectives du coup, avec un nouvel EP qui dénote des anciens au niveau du nom ?
Je pense avoir acquis certaines choses avec tout ce que j’ai sorti jusqu’ici, mais avec Rien ne change, je voulais qu’on sorte un projet plus réfléchi. Les autres projets étant fait plus rapidement, je voulais qu’on prenne le temps et qu’on aille beaucoup plus loin dans les textes et dans la musique. On a été plus dur avec nous-mêmes pour ce nouveau projet.
Dans Temps plein, tu dis « en feat je suis impliable », c’est bien entendu de l’égotrip, mais ça démontre aussi que tu as une volonté de réaliser des couplets tranchants, ce qui nous amène au morceau avec Ratu$ et Tedax Max…
On s’est retrouvé tous les trois en studio à Lyon, dans celui de Tedax, et on a posé nos couplets. Après ce morceau ce qui a été difficile et là où l’on s’est pris la tête, c’est dans sa structure. Qui allons-nous mettre en premier ? On a testé différent trucs, masi au final commencer par Ratu$ c’était une évidence. Le mettre en premier, c’était pour les prendre par surprise, il attrape le son.
Pour revenir sur la phase égotrip, Il y a des rappeurs où je me dirais qu’ils sont compliqués à plier. Mais je n’aurai pas peur, au contraire ce serait un kiff, car pour moi deux rappeurs qui se battent pour avoir le couplet le plsu chaud, c’est toujours pour le bien du morceau aussi. Cet esprit hip-hop, cette compétition saine, ça ne peut que donner des meilleurs morceaux.
On parle de featuring, il y en a un autre sur le projet, c’est EDGE, et ce n’est clairement pas le premier morceau que vous faites. Vous avez limite un projet commun qui est sorti. Vos univers semblent assez éloignés et pourtant à chaque morceau ils viennent s’entremêler naturellement…
Quand je suis arrivé dans ce studio, EDGE commençait à bosser avec Johnny depuis peu de temps. Et humainement, il y a eu un truc qui fait qu’on s’est hyper bien entendu, et par la suite on a bossé un morceau ensemble, Lucide, et on a kiffé collaborer et d’avoir réussi à faire un petit morceau en commun qui roulait. Depuis, on se retrouve souvent ensemble en studio et des prods peuvent nous parler à tous les deux alors on se régale car c’est toujours fait instinctivement, comme le morceau Ce soir sur son projet OFF. On a fait toutes les configurations possibles en fait, en confinement, en Bourgogne, ici au studio, à distance…
Tu te tends à vouloir être plus polyvalent à l’avenir, on le ressent dans le titre éponyme, Rien ne change, d’où t’es venu cette volonté de vouloir faire un morceau différent des autres du projet dans sa couleur et son esthétique ?
C’est une ouverture pour la suite. Bien que différent, ce n’était pas dur d’écrire ce morceau contrairement à d’autres . Je l’ai écrit y’a trois ou quatre ans, c’était une première version qui n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Il a un peu résister au temps, et moi, dans le discours, il correspondait au mood d’un projet concret comme celui-là, notamment dans ce que je peux dire dedans. De la première à la dernière version, il ne reste que quelques bribes de textes et le refrain, mais sinon tout le reste à changer.
Quelles sont les ambitions futures ?
Rien n’change c’est l’ouverture, et par la suite, on verra de plus en plus grand, je pense, ou plutôt, j’espère.