Joyaux du royaume du Dahomey, qui était situé dans l’actuel Bénin, l’artiste qui en tire son nom avec une touche américanisé a su faire ses armes avec le temps. Souvent caractérisé comme un ennemi, le temps a permis au jeune thaHomey de se faire une vraie place dans le rap français et d’assurer à ce dernier, qu’il est une des figures d’avenir.  

Quand on écoute ta musique et qu’on regarde ton parcours, on sent qu’il y a eu un certain vécu musical, qu’est-ce que tu écoutais petit ?  

La musique c’est d’abord une histoire en lien avec ma famille, notamment mes oncles et mes cousins. Petit, j’écoutais beaucoup de reggae, de R&B, de variété française… Naturellement j’ai fini par me tourner vers le rap US avec 50Cent ou Lil Wayne, et vers le rap français avec Booba et Lunatic. Quand j’étais petit j’étais déjà tourner vers l’art. Je faisais de la batterie et un peu de danse. Ma mère travaillait dans une maison de quartier donc j’ai eu la possibilité de tester plein de choses.

BLVD. HAUSSMANN – thaHomey

Au final comment est venue cette envie d’écrire ?

Au début j’écrivais pour le délire, pour me dire que je rappais comme les gens que j’écoute. Je n’avais pas une envie de devenir rappeur. Puis j’ai grandi et quand mes potes se sont mis au rap, j’étais plus dans un délire de les aider dans leurs trucs que de moi-même vouloir en faire. Au bout d’un moment, j’avais ma propre visions des choses, donc j’ai eu envie d’aller plus loin.

Ta première grosse exposition, c’est ton freestyle du Règlement, à quel moment ça arrive dans ton processus de création ?

C’est arrivé environ deux ans après que je me sois lancé dans la musique. Je suis un des mecs de cette première session de freestyles qui a eu le moins de retour dans le sens j’étais aussi un des mecs qui était le moins prêt à l’époque pour pouvoir concrétiser à 100% l’opportunité même si cela m’a bien aidé. Avec le temps, on a eu de plus en plus de retours, on s’est développé, et puis j’ai refait parti d’un projet : Rules (jeu de cartes digital à collectionner sur le rap, ndlr) avec lui.

Freestyle Règlement – thaHomey

Après une pause, t’es revenu avec une nouvelle esthétique et une nouvelle direction artistique, c’était nécessaire que tu évolues ?

Clairement, mais aussi d’un point de vue administratif avec mon équipe et mon label, la paperasse quoi (rires). On essaye toujours de trouver des solutions aux problèmes dans la vie de tous les jours, parfois il y a des étapes qui sont plus longues que d’autres, mais à chaque qu’on en franchit une, une autre arrive derrière. Mais c’était important pour nous de faire ce dont on avait envie de faire, et d’aller dans les directions qui nous conviennent.

Quels sont pour toi les avantages d’être indépendant ?

J’ai la main sur mon travail. Je prends beaucoup plus d’expériences et plus rapidement. Ça me permet aussi de mieux comprendre aussi comment les choses marchent. Je ne sais pas comment cela fonctionne pour les artistes signés. Est-ce qu’ils font ce qu’ils veulent ? Font-ils des concessions ? J’en sais rien. En tout cas, nous, on est libre de faire ce qu’on veut. Dans le sens où l’on se met nos propres objectifs et on décide de maintenir ce qui nous semble pertinent dans notre ligne directrice.

Visuellement on sent que t’as eu envie de proposer quelque chose de fort et de marqué, à quel point les covers, les clips ont une place dans ton art ?

Comme je l’expliquais, j’ai commencé la musique en étant derrière la caméra, en faisant des édits, des covers. J’étais vraiment à propos de l’image donc tout cet aspect-là était déjà chez moi au moment de me lancer. On essaye toujours de proposer quelque chose de nouveau. On regarde ce qu’il se fait, on brainstorm beaucoup et on essaye à chaque fois de tirer le meilleur de nos idées et de les appliquer. Autour de mon image, mes principales influences ce sont les films qui sont épurés et qui peuvent avoir plusieurs lectures. Je suis très matrixé par ce que fait David Lynch. Si je devais choisir un de ses films, ça serait Lost Highway (1997).

Dans tes textes, tu mélanges, français et anglais, comment on arrive à jumeler deux langues sans se perdre dans l’écriture ?

Honnêtement ça vient avec de l’exercice. Plus tu travailles, plus ça devient facile, plus c’est évident. Mais les choix de rimes entre l’anglais et le français dépendent des périodes. Parfois, j’ai envie de mettre plus l’un et parfois plus l’autre, c’est vraiment une écriture qui fonctionne au feeling.

PMF SH*T & RARE GLORY – thaHomey

Des artistes comme Ateyaba, Laylow ou Hamza ont permis à des artistes comme moi de repousser leurs limites et de se dire qu’on pouvait être reconnu dans ce qu’on aime faire. Ils ont permis à l’oreille du public de s’adapter et à s’habituer. Laylow a aussi eu un gros impact sur le côté visuel de la musique. Aujourd’hui, un artiste comme lui, force aux autres de sortir des bêtes de clip avec du budget ou des idées alors qu’avant ce n’était pas une priorité.

Souvent ton nom est cité dans les termes « New Wave » et « Next Gen », comment tu perçois ces termes ?

Personnellement, ça me met en avant dans une scène qui est en plein essor. Après tous les 5 ans y’a une nouvelle génération et c’est la deuxième fois qu’on me met dedans (rires). Je ne m’en plains pas, les gens curieux viennent creuser les noms qui ressortent, car le terme veut tout et rien dire à la fois. J’y garde personnellement que l’aspect positif de ces termes.

Nouveau projet, Rarissime, le format a-t-il encore une importance pour toi ?

Pour celui-là je l’ai sorti tel quel sans y mettre les termes de mixtape ou d’album. Je trouvai ça réducteur de l’appeler « mixtape » et à mes yeux ça n’a pas la puissance qu’aurait un « premier album ». Le jour où je sortirai un album, les gens capteront que c’est mon premier album. J’attache une grande importance à cette étape. Je veux vraiment que ce premier album soit complet et que j’en sois satisfait de A à Z. Si je devais donner une temporalité à sa sortie, je pense qu’il verra le jour dans un court/moyen terme. Je laisse le temps faire surtout qu’il m’a été bénéfique. J’ai de plus en plus de retours, de plus en plus de connexions, de plus en plus de public, je vais de plus en plus loin dans ce que je veux faire.

COVER – RARISSIME

Tu parles de connexion, on te voit de plus en plus en featuring, est-ce qu’il y a des artistes avec qui tu aimerais collaborer ?

Je me verrai bien collaborer avec des artistes qui sont éloignés de mon univers. Pour moi l’important c’est d’arriver à faire quelque chose de bon. Sinon j’aimerais beaucoup collaborer avec Rim’K. Même Guy2bezbar, Gazo ou encore Koba LaD, car j’aime beaucoup ce qu’ils font.

Quels sont tes objectifs et ambitions à l’avenir, mise à part sortir un premier album ?

Mes objectifs personnels c’est de faire le meilleur step-up possible, être le plus performant possible. J’aimerais développer le mouvement, développer des artistes, des beatmakers… Mon rêve est d’inspirer les futures générations à faire leurs propres trucs et à se développer comme il faut.