La magie de l’univers de Damso est telle que le public peut l’interpréter de différentes manières. La plus facile est simplement de se dire qu’il évolue artistiquement et qu’il s’épanouit de plus en plus. Mais à force, vous connaissez votre bon vieux 16, il fallait qu’on fasse une interprétation des albums du géant belge avec les 6 pierres de l’infinité convoitées et récoltées par Thanos. Entre spéculations, storytellings et mystères, nous allons passer du nwar au noir et du noir au vantablack, mais surtout de la quête artistique à l’infinity.

SALLE D’ATTENTE : PIERRE DE LA RÉALITÉ

         Personne jusqu’à la sortie de ce projet n’avait réellement conscience de qui était Damso, lui-même rappelle à quel point la vie a pu être dure par la suite. Dans ce projet on ressent la noirceur de l’artiste et de la vie qui l’entoure. C’est à travers la musique qu’on comprend que Damso va alors prendre un maximum de recul sur son quotidien, sur le racisme qu’il a subi et les vices de l’amour. Damso se forge alors une carapace, qui cachera une âme brisée qu’on découvrira par la suite de sa carrière.

C’est en récupérant la pierre de la réalité que Damso délivre ce premier projet. De Ma Putain à Cinéaste ainsi que les quelques morceaux ajoutés, c’est le récit d’un homme dégouté de la réalité et dont l’unique choix est de créer un exutoire avec sa musique en dénonçant une réalité qui ne lui convient pas. Cette dernière n’est qu’un amas de vices, avec le sexe, la drogue, l’intolérance à la différence,… Cette pierre permet à Damso de matérialiser ses pensées, sa vision, son obscurité et ainsi d’avoir un contrôle de ses émotions sur la réalité et l’influence qu’elle exerce sur lui.

BATTERIE FAIBLE : PIERRE DU POUVOIR

         C’est en tant que membre du 92i que le premier album de Damso vit le jour : Batterie Faible. Si ce premier album est un aboutissement musical de ce qu’il avait proposé dans Salle d’attente, l’album vient ici alerter le rap francophone que, depuis la Belgique, un géant va réunir les pierres afin de marquer l’histoire. Très apprécié par le grand public, la puissance et la noirceur du projet iront même jusqu’à choquer les plus timorés à la musique urbaine.

         Si la pierre de la réalité lui a permis de matérialiser ses pensées et son quotidien, la pierre du pouvoir lui offre la puissance qu’il recherchait et ainsi l’exposition. Cette puissance se dégage par son flow, sa prestance, l’oppression des prods et par la noirceur brutale qu’il évoque tout au long du projet, Amnésie étant un très bon exemple. Cet exutoire est alors alimenté par l’exposition qui amplifie sa puissance musicale et ainsi recharger la batterie pour le futur.

IPSÉITÉ : PIERRE DE L’ESPRIT

         Damso n’aurait pas imaginé une ascension aussi brutale avec Ipséité. Mise à part Macarena qui avait tout d’un single, l’album n’avait rien à séduire les radios ou le grand public, et pourtant il reste surement le meilleur projet de l’artiste belge. Nous n’avons pas dit qu’il s’agissait du plus aboutit musicalement, mais seulement de celui qui permis à Damso de passer dans une autre dimension : celle de nouveau patron de la Belgique depuis Stromae, et celle d’une tête d’affiche du rap français.

         Avec cette troisième pierre, celle de l’esprit, Damso vient accroître son énergie et sa spiritualité afin d’effectuer une exploration d’être. Rien que par le titre de l’album, l’artiste n’avait qu’une seule intention : se concentrer sur lui-même et les émotions qu’il accumule et contrôle depuis le début de son existence. C’est ainsi qu’on en apprend plus sur sa vision, ses ressentis, son histoire et ses craintes dissimulées à travers les différentes lettres grecques qui vont venir envenimer l’excitation du public envers le géant belge qui accroit en musicalité, en spiritualité et en influence.

LITHOPÉDION : PIERRE DE L’ÂME

         Véritable exploration  de son être, la force combinée des trois pierres lui permettaient de comprendre la réalité et les rêves et de les modifier comme dans Une âme pour deux, de gagner en puissance avec Nwar is the New Black, mais également de débuter sa purge de spiritualité qui s’aboutira par le morceau William dans Lithopédion.

         La pierre de l’âme vient ici apporter une suite à son processus de concentration de soi, en allant nettoyer son âme. Si le lithopédion est la définition simpliste d’un enfant mort avant de naitre, c’est avec une attitude philosophique que Damso arpente ce quatrième projet. Si cette vision noire peut dérouter par l’idée qu’avant de naître nous sommes destinés à mourir, et qu’au long de cette route nous faisons face à des évènements sombre. Damso prend alors conscience de la force que peut avoir la vie malgré le fait qu’on soit tous au final condamné par la vie. Plus sombre qu’Ipséité, l’artiste belge s’enfonce lui-même dans les ténèbres avec cette quatrième pierre. Cette dernière nécessite un sacrifice, ce qu’il fait dans William où il clôture par : « Dernier album ou peut-être pas, la vie nous le dira ».

QALF : PIERRE DU TEMPS

         Avec une âme purifiée de son passé, de ses erreurs, et de ses souffrances, Damso finit par renaître avec QALF, un album qu’il avait déjà prévu au temps d’Ipséité, un projet qu’il rêvait d’accomplir une fois son chemin dans les ténèbres effectués pour obtenir la pierre de l’âme, la plus dure des pierres. Avec QALF, c’est un Damso épanoui, influencé, libéré et totalement sous le guide de son instinct qu’il offre à son public un album musicalement pur et complètement abouti. L’idée vient alors de l’acceptation de soi, et du fait que son corps finira par disparaître mais que son art serait immortel.

         Cette avant dernière pierre, est celle du temps. Elle permet alors à son détenteur de se déplacer dans le temps, de l’observer et d’apprendre de ce dernier. À travers cette pierre, Damso va alors pouvoir revoir son passé, le contempler comme une période révolue, s’en inspirer pour explorer la musicalité qu’il désire réellement. Cet aspect de reconcentration d’être et de force se retrouve dans tout le long de l’album et dans ses décisions musicales. Par exemple, le choix de ses featurings qui sont d’anciennes connaissances comme Hamza ou Lous, ou de grandes influences suite à ses origines comme Fally Ipupa. Mais également cette force de parler d’amour, autrement que par du dégout ou du sexe, la présence de son fils pour rappeler les doux plaisirs de la vie, ou encore la variété musicale qu’il apporte de 911 à BXL ZOO sans oublier Pour l’argent.

QALF INFINITY : PIERRE DE L’ESPACE

         Pour compléter le gant de l’infinity et faire comme Thanos dans son jardin : disparaître pour profiter de la vie dans une caravane ; il lui faut cette pierre de l’espace. Cette dernière lui offre la possibilité de téléportation. C’est alors avant de claquer des doigts, qu’il revient compléter son œuvre QALF par INFINITY, en y téléportant les dernières lettres grecques et toute la musicalité qu’il a développé depuis sa quête initiale : la nwarceur extrême avec VANTABLACK, sa diversité musicale avec un air Gainsbourien à l’époque d’Aux armes et caetera sur DOSE, sa palette artistique avec ces changements d’instrus réguliers, son acceptation du passé et ce recul sur ce dernier dans PASSION, sa gloire obtenue dans 2 DIAMANTS et son ambition finale qui n’est autre que de VIVRE UN PEU, avant de boucler sa propre boucle vitale.

Pour conclure cette chronique, nous pourrions faire des milliards d’interprétations, avec des histoires d’opérations, de quêtes spirituelles, Seulement, nous avons tenté de pousser le parallèle de l’infinité jusqu’à son maximum en évitant la redondance du mystère que l’artiste cultive depuis des années. Toutefois notre véritable mot de fin est simplement : aimer la musique comme les artistes vous la propose, l’interprétation ne restera que des spéculations.