Entre succès et mystère, Ken Samaras ou Nekfeu cultive son image artistique malgré lui. D’abord en groupe, puis une explosion en solo, le rappeur parisien s’est installé comme un des piliers du rap français. Entre ceux qui l’adulent et d’autres qui le détestent, 16 Mesures retrace la carrière du prince du rap français. 

L’ÉTOILE MONTANTE

            Avant d’être l’artiste aux triples diamants, l’essence musicale même de Nekfeu, c’est l’esprit du collectif. Si l’on faisait des grandes comparaisons, la réussite et les récompenses de Nekfeu en solo sont aussi dues à l’esprit de collectif tout comme Messi au Barça. Là où la comparaison est encore moins abusée, c’est que derrière Nekfeu, il y a des rappeurs ou encore des beatmakers qui sont bourrés de talents aussi. Avant d’être une réussite solo, le nom de Nekfeu raisonne comme la réussite d’un collectif.

            Au démarrage, Ken Samaras se concentrait d’abord sur ses différents groupes et collectifs : L’Entourage, 5 Majeurs, 1995 ou encore le S-Crew. Le succès progressif de ces derniers a permis à Nekfeu de connaître une exposition certaine, se démarquant par sa belle gueule, son flow et ses textes techniques et touchants. Il devient alors la proue des différents collectifs sans pour autant s’en appuyer pour exploser seul. 

            Alors que dans certains cas, l’explosion d’un artiste peut générer des jalousies, chez l’Entourage, cela a soudé les liens entre les membres. Ces derniers font leurs chemins de leurs côtés en sachant qu’une partie de leur exposition est grâce à Nekfeu. Par exemple Deen Burbigo fait des clins d’œil au Fennec dans Membres de gang : « J’ai mis un doigt dans le cul du game, Nekfeu y a mis l’épaule » ou encore dans Tout dedans : « Chez nous celui qui fait le plus de passes, c’est celui qui marque le plus ».

JEUNE PRINCE RICHE MUSICALEMENT

Si le public lui décerne le titre de « meilleur album de Nekfeu », Feu reste pour autant le seul album dans la continuité normale d’un album. C’est le seul album qui a connu une promotion avec des interviews de partout, des freestyles chez Skyrock, etc.. La qualité de l’album a permis à ce dernier d’être certifié disque de diamant. 2015-2016 fut rempli de collaborations et d’apparition. 

Chez 16 Mesures et dans le monde du rap, on s’accordera pour dire que Cyborg est le meilleur album de Nekfeu, mais cela reste subjectif. Néanmoins, il n’y a eu aucune promo autour de ce dernier mise à part l’annonce géniale en plein milieu de son concert à Bercy, pas de clips, il a été réalisé en très peu de temps, et il a ouvert Nekfeu vers la porte de la disparition. 

Son absence non remplacée et sa place de jeune prince fait que Nekfeu a compris la démarche en privilégient l’artistique et la qualité plus que la quantité. Après une absence remarquée, le choix artistique de faire un documentaire diffusé au cinéma et d’envoyer un double album, Nekfeu continue de vendre toujours autant après 1 an et demi. Pourquoi s’embêter à jouer des rôles publics alors que son absence parle plus que sa présence sur les médias. 

DISPARAITRE POUR TOUJOURS MIEUX REVENIR

Rares sont les artistes qui peuvent se permettre cette démarche : l’absence. Nekfeu, PNL ou encore Damso, peuvent disparaître du jour au lendemain et au moindre tweet, photo ou démarche publique, ils vont susciter un intérêt important. Voilà un an que Nekfeu a supprimé ses réseaux sociaux, qu’on est sans nouvelles de lui, et l’on sait qu’à sa moindre activité publique, il va être cité de partout sans réaliser la moindre promo. Il n’a plus besoin de créer de la communication, son absence s’en charge.

            Pour conclure, si l’on prend un maximum de recul sur la carrière de Nekfeu, trois albums solos, trois diamants, un film avec Catherine Deneuve, des réussites collectives inoubliables, des featurings marquants, une image qui s’est quasiment jamais dégradée et un engouement incessant autour de son absence. Après cette énumération, on peut en déduire que Nekfeu a marqué l’histoire du rap et que sa carrière est aussi riche que parfaite.