Si l’univers du rap français possède des références aussi surprenantes que percutantes, sa romance avec le football est puissante et réciproque. Entre les story Instagram des sportifs, les relations rappeurs/footballeurs, et les références techniques dans les textes, l’histoire du ballon rond et celle du rap français sont étroitement liées. 

            Booba est au rap français, ce que Zidane est au football français voir même football mondial. Le sportif franco-algérien a marqué les générations à travers ses performances, sa classe et son image. Né en 1972 à Marseille, le footballeur évoluait au poste de milieu offensif entre 1988 et 2006. Passé par Cannes, Bordeaux, la Juventus et le Réal Madrid, l’international français marqua l’histoire de l’Équipe de France en 1998 et 2006. 

ZIDANE – 13 Block

            Des buts d’anthologie, des coups de boule et des passements de jambe à donner le tournis aux défenseurs, que cela soit le sportif ou les références à ce dernier dans le rap français, tout est savoureux. Dans cette nouvelle chronique, 16 Mesures vous emmène à travers l’histoire sportive du footballeur et du rap français. 

DEVENIR UN PATRON COMME ZINÉDINE

            Quand on dit : Zidane ou Zizou, voir même simplement Zinedine, obligatoirement, qu’on aime ou non le football, on sait de qui on parle. Zidane est devenu un héros sportif qui marque l’effigie d’une France cosmopolite comme le rappelle Kool Shen dans la Marche : « Génération Zidane, Black-Blanc-Beur ». Un rappel que l’identité française ne dépend pas d’une seule culture, mais bien d’un mélange qui créé encore des tensions sociales, qu’on oublie lors d’une réussite commune : comme une victoire en coupe du monde. Cette référence cosmopolite, on la retrouve également chez Kalash Criminel dans Ahou « J’suis Zidane, Ribéry et Anelka » et Alpha Wann dans Ça va ensemble : « Zinédine, Franck, Lilian »

« J’ai confiance qu’en mon Desert Eagle et en Zizou dans les arrêts d’jeu » – Kalash, Kaaris

            Au-delà d’être une icône spotive, Zizou est avant tout l’un des plus grands joueurs de l’histoire du ballon rond. Bien qu’il y ait des références faciles sur le comparatif du terrain de foot aux terrains d’échanges illégaux comme dans Porte de Mesrine de PNL, il existe également des références à la technique du joueur. Par exemple, Soprano fait référence à son pied gauche dans Moi j’ai pas, Kekra à ses dribbles dans Méfiant, ou encore Sofiane à sa faculté de marquer dans #cpasdmafaute

PARTIR SUR UN COUP DE TÊTE

            L’un des faits les plus marquants de la carrière de Zidane, c’est sa finale en 2006. D’abord, il réalise un geste de classe mondiale aussi audacieux que provocateur face à Gianluigi Buffon : une panenka. En terme footballistique, une panenka c’est lors d’un penalty, lorsque le tireur feinte le gardien avec une petite frappe en cloche. Un geste complexe qui peut s’avérer humiliant pour le gardien, mais également pour le joueur s’il le rate (comme Dubosc dans les Seigneurs, ndlr). En 2006, Zidane, le réalise, face au meilleur gardien du moment, en finale de coupe du monde, devant des milliards de téléspectateurs. 

« Tu voulais de la violence, voilà, Zidane, reprise de volée » – Nouveaux riches, Leto

            Ce geste de classe mondiale et très audacieux dans le match avec le plus d’enjeux, a été de nombreuses fois cité dans les textes des rappeurs que cela soit chez Lorenzo, Tengo John, mais c’est Cas de conscience qui ont sorti la plus belle référence à ce moment anthologique : « Ta meuf m’appelle Zidane, j’ai pas la pression avant d’tirer » dans De la peine, des cris et du rêve. Pour avoir réalisé ce geste, il fallait une totale confiance en soit, et lorsque l’on revoit ce penalty, son « calme », que cite Diam’s dans Jeune Demoiselle, qu’il dégage en devient limite perturbant.

« Heureusement que Zidane a gardé son calme dans la finale en Allemagne » – Nakk Mendosa, Juste un rêve

            La punchline de Nakk Mendosa est bien plus qu’ironique étant donné que le prodige du ballon rond s’est fait expulsé pour un geste antisportif. Bien que malheureux, il reste un tournant important du joueur. En plus d’avoir mis son « front kabyle sur poitrine de Materazzi » comme dirait Booba dans Paris c’est loin, il a également mis fin à sa carrière de joueur. Un événement marquant pour Nessbeal dans Le loup dans la bergerie ou JeanJass dans Pepsi : « Si le monde était juste, Zidane n’aurait jamais pris la rouge »

            Ce fameux coup de tête a marqué le sport du ballon rond, mais aussi le rap français. D’abord avec le défenseur italien Marco Materazzi, chez Kaaris dans Chargé : « J’insulte ta daronne comme Materazzi », car selon l’histoire, le défenseur italien aurait eu des propos déplacés ce qui aurait valu ce fameux coup de boule. Le geste a eu son lot de punchlines, voici nos 3 préférées :

« Depuis j’suis comme Zidane : j’sais plus où donner de la tête » – Dinos, Namek

« Coup d’Chiro, j’te coupe le souffle, Zidane Materazzi » – Niro, Y’a pas d’lézard

« Bonne raison de tout gâcher, jure sur le coup de tête de Zidane » – Rohff, Sévère

DE FOOTBALLEUR À LÉGENDE

            Parmi les plus référencés, on retrouve Ronaldo, le doute reste à savoir si c’est le brésilien ou le portugais dans certains cas, Messi, Ibrahimovic mais également Benzema, Mbappé et Neymar. Seulement aucun d’entre eux n’égal le nombre interminable de références à Zinedine Zidane. 

« J’suis comme Zizou, j’marche près du trophée, j’regarde pas » – Nessbeal, L’histoire d’un mec qui coule

            Alors que Columbine pleurent devant un best of de Zizou, que Bigflo & Oli contemple un poster, c’est un respect complet et unanime que le rap français donne à l’une des icônes des français. De Sadek à Niro, en passant par Rohff et Soprano ou encore Sneazzy dans Skurt Cobain, le respect de la carrière est complet pour l’homme qui marqua l’histoire et qui est devenu une légende du football et dont les origines ne posent aucun problèmes comme le termine bien cette chronique, Sexion d’Assaut dans Un monde parfait : « Un monde dans lequel les gens prennent Zidane pour un dieu et malgré qu’il soit d’Algérie, les français l’prennent pour l’un d’eux »