Bien que la musique soit au centre de la culture rap, le visuel est lui aussi très important. L’artiste peut ainsi s’inventer, se démarquer mais aussi laisser son empreinte en plus de son identité musicale. C’est pourquoi chaque album est doté d’une couverture, dite cover en anglais, la plupart du temps réalisée par un photographe et/ou graphiste spécialisé. 16 Mesures a décidé de revenir sur certaines covers qui ont marqué la culture rap.  

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Qui est Mister Fifou ? 

Fifou, de son vrai nom Fabrice Fournier, est un photographe, graphiste et directeur artistique indépendant. Depuis plus de 10 ans, l’artiste performe et compte plus de 600 covers, dont la grande majorité, sont issues de la musique urbaine française. En alliant ses deux passions que sont l’image et le rap, l’artiste a pu dévoilé tout l’ampleur de son talent. Il est aujourd’hui l’un des artistes référents dans la production de covers, mais un artiste pour qui, 16 Mesures, a une profonde admiration. 

YOUSSOUPHA – NOIR DESIR (janvier 2012)

Une des covers les plus artistiques de Fifou. Le rappeur Youssoupha voulait absolument sublimer la couleur noire, tout en s’éloignant des pochettes d’albums trop urbaines. Déjà très présents dans ses textes, l’Afrique et la négritude devaient absolument se faire ressentir à travers le visuel. Ils ont alors fait le choix d’un noir & blanc, simple en apparence mais très complexe à la prise de vue pour le photographe. Ce choix requiert une très bonne maitrise de la lumière, Fifou s’est donc inspiré de la photographie de mode pour mettre en valeur le sujet. Ce sujet est d’ailleurs obtenu grâce à la « magie du direct ». Le casting était pluriel, mais c’est un petit garçon aux regards puissants, qui a séduit le photographe et le rappeur. Le jeune est maquillé d’une cire noire pour renforcer sa couleur ébène à la prise de vue. La maitrise, la composition rendent cette cover sublime et puissante où les ailes d’anges renvoient à la « renaissance » de Youssoupha.

SEXION D’ASSAUT – L’APOGEE (mars 2012)

En 2011, la mixtape du groupe intitulée : En attendant L’Apogée : les chroniques du 75, mettait en avant les rappeurs de dos, sur les toits de Paris, et les yeux tournés vers la lune. L’évolution rapide de la Sexion fait que moins d’un an après, ils atteignent L’Apogée, définit en astronomie comme le point/astre le plus éloigné de la Terre.

Sur cette cover culte, on peut apercevoir les membres de la Sexion de face cette fois, sur la lune, fiers, avec la terre loin derrière eux. Leurs reflets dans la flaque d’eau peuvent être lus de différentes manières. Cette flaque vient même refléter le contenu de l’album où la Sexion garde un souvenir et revient sur leur chemin parcouru avant cette apogée. Cette cover aux multiples symboles et aux choix visuels magnifiques et ingénieux, s’est vu recevoir la certification du disque de diamant. 

PNL – DANS LA LÉGENDE (septembre 2016)

Autre certification diamantée et autre cover incontournable de cette décennie : Dans la légende. Un album qui est rentré dans l’histoire autant par son contenu que par l’histoire de sa cover. Lorsque l’on réalise une cover, généralement les acteurs de sa production se rencontrent mais pas ici. En effet, Fifou l’a réalisée sans jamais rencontrer les deux frères. Comme il l’a raconté chez Konbini, travailler avec PNL était pour le moins surprenant. Après avoir répondu à l’appel d’offre du groupe dont les conditions étaient qu’ils ne voulaient faire aucunes photos. Fifou envoya une quinzaine de covers différentes au groupe. 

Une fois en contact avec PNL, Fifou a compris que la couleur orange s’imposerait pour donner un peu de soleil au visuel. Avec de nombreuses captures d’écran pour refaire à l’identique leur visage sans détériorer la qualité, il envoya aux frères perfectionnistes plus de 100 versions pour arriver au résultat final. Mais un résultat sublime où les deux artistes ont le reflet de la Terre dans leurs lunettes de soleil, un reflet d’une qualité générale qui s’inscrit désormais dans la légende.

PLK – POLAK (octobre 2018)

Pour son premier album appelé Polak, PLK a demandé les services de Fifou pour mettre à l’honneur son pays d’origine dans la cover. Fifou a fait le choix de représenter le drapeau de la Pologne à travers un parterre de feuilles mortes rouges pour la partie inférieure, et un PLK et des bâtiments blancs pour la partie supérieure. Le point fou de cette cover est la présence d’un véritable ours en clin d’œil à l’histoire de l’ours brun dénommé Wojtek, devenu un symbole national polonais. C’est donc cet animal féroce, saillant et tranchant comme le flow de PLK, que Fifou a réussi à ramener dans la cité. Ce véritable défi rend un final somptueux et artistique pour l’album très réussi du jeune polak.