Sapé en kimono de son label Don Dada Records, armé de fins couteaux aiguisés aux rimes pointus et aux flows découpants, Infinit’ a pour seule volonté : de que le faire. Malgré cette avalanche de nouveaux projets qui tombent comme la neige en hiver, le nouvel EP du rappeur niçois intitulé Ma version des faits, n’est pas passé inaperçu chez 16 Mesures. 

Connaître Infinit’

                  Karim Braham est né en 1988, il est un rappeur français qui a grandi dans les quartiers de La Condamine et L’Ariane à Nice. Il fait partie de ses rappeurs qui côtoient l’Entourage (Nekfeu, Jazzy Bazz, Deen Burbigo, pour n’en citer que trois, ndlr). Plus particulièrement Alpha Wann, où il s’engagera dans le label de ce dernier : Don Dada Records. 

                  Comme beaucoup de rappeur de sa génération, l’influence américaine va bercer ses premières rimes et ses premiers morceaux. Son premier projet est une mixtape de 2011 intitulée H.D.S vol.1, qui malgré sa maigre influence médiatique de l’époque, 16 Mesures a pris plaisir de redécouvrir un morceau issue de cette mixtape : Norvus Ordo, qui commençait par « Honnêtement j’préfère être né pour rien et mourir pour quelque chose que d’être né pour quelque chose et mourir pour rien. ». En 2013, il dévoile Ma vie est un film et deux ans plus tard les projets En attendant PLUSSS et PLUSSS dans lequel on retrouve le classique Christian Estrosi, en référence au maire de Nice, qui fut un véritable coupe de cœur musicale de ce dernier. Christian Estrosi ira même décorer Infinit’ d’un procès que le maire de Nice perdra. Il existe aussi la version Christian E. Remixde ce morceau dans lequel on retrouve un casting luxueux entre Alkpote, Eff Gee, Alpha Wann ou encore Nekfeu. Infinit’ reviendra deux ans plus tard avec NSMLM pour Nique sa mère le maire, un nouveau projet qui permit au rappeur de briller encore plus et d’agrandir son public. Un projet où l’on retrouve les très bons morceaux clippés : Intro ou Laisse nous. Il aura par ailleurs sorti le morceau Quand je me lève dans le cadre d’un projet Red Bull Music intitulé Brooklyn – Paris dans lequel on retrouve aussi Jok’air, Krisy ou encore Dinos. 

Analyse de Ma version des faits

                  Ce nouvel opus du rappeur s’ouvre sur le titre éponyme du projet Ma version des faits. Un morceau court en guise d’introduction où il expose sa vision de son écriture et de ses pensées avec notamment en outro « J’sais que tout c’que j’pourrais dire sera retenu contre moi », marque une véritable prise de conscience de ses paroles maintenant qu’il y a de plus en plus de projecteurs sur lui, sans rappeler son passé tumultueux suite à son morceau sur le maire de Nice. 

                  Le projet s’enchaine sur Saint-Exupéry en référence au célèbre écrivain et pilote Antoine de Saint-Exupéry, auteur du chef d’œuvre Le Petit Prince. Dans ce morceau où Infinit’ démontre une nouvelle fois sa qualité d’écriture et son flow, il fait une belle référence à cette œuvre de 1943 dans son refrain : « Dessine-moi un billet d’cinq cents eu Saint-Exupéry » en référence au « Dessine-moi un mouton » du petit prince. 

                  Le morceau suivant est surement un des morceaux les plus symboliques du projet et de sa carrière : Tout le faire gang. Si vous ne connaissiez pas Infinit’ vous n’allez pas comprendre pourquoi 16 Mesures affirme cela. Beaucoup de rappeurs ont des gimmicks, Infinit’ a celui de souvent dire « Que le Faire » qui est une philosophie qui signifie de réaliser tout ce qu’on a envie de faire et de faire de sa vie ce qu’on en a envie peu importe les obstacles. Ce morceau vient aussi faire écho au morceau Le Faire en compagnie de Sneazzy sur le projet Dieu Bénisse Supersound III de ce dernier. 

                  Les premiers guest arrivent sur la quatrième et la cinquième piste du projet. D’abord sur La recette où il convie Veust et Barry sur un très bon morceau beaucoup plus calme où les trois rappeurs démontrent leurs talents dans leurs couplets respectifs. Ensuite sur Clark Kent, un de nos morceaux préférés du projet, en compagnie des belges Caballero et JeanJass, mais aussi de VM the Don et Hologram Lo’ à la prod. Ce morceau consacré aux kryptonites illicites qui pourraient tuer Clark Kent, risque d’être bien plus incroyable que Superman en concert…

                  Ma version des faits se poursuit avec deux autres morceaux en solo de la part d’Infinit’. Le premier est Le soleil et l’eau salée, un morceau où Infinit’ prouve qu’il a une lame lyricale bien aiguisée en réalisant des rimes externes et internes, cette technique lyricale est une marque de fabrique de la maison Don Dada. Il s’enchaine avec Djibril, un story-telling dans un couplet unique vraiment très bien exécuté. Il raconte l’histoire d’un jeune homme devenu gangster qui cherche à s’en sortir. Mais celui s’enfonce de plus en plus et à chaque tentative il connaît la prison, les courses poursuites,… 

                  Ce nouveau projet se termine par Vivre Bien, un magnifique featuring avec Alpha Wann. Ce featuring prouve une nouvelle fois la forte complicité musicale des deux rappeurs, qu’on avait notamment retrouvé sur le très bon Parle moi de Benef’du premier volume des Alph Lauren, ou plus récemment sur le morceau Le Tour présent sur le premier album d’Alpha Wann intitulé Une Main Lave l’Autre (dont le terme de « classique du rap français » apparaît de plus en plus à côté du titre, ndlr).

                  Pour conclure, ce nouvel opus d’Infinit’ est, aux oreilles musicales de 16 Mesures, le plus abouti de tous ses projets.Ma version des faits affirme la grande qualité artistique du rappeur que cela soit pour les rimes, les lyrics ou encore le flow, qui est de plus en plus coupant comme la lame d’Uma Thurman dans Kill Bill. Une lame qu’Infinit’ continue d’aiguiser en attendant de nouveaux morceaux, de nouveaux featurings et un premier album qui reste une étape à franchir…