Chez 16 Mesures, nous aimons beaucoup de choses diverses et variées dans la musique et notamment dans le rap. Nous sommes fermés à aucuns styles, aucunes vibes musicales étranges, nous aimons la musique telle qu’un artiste souhaite la concevoir et l’interpréter. Et nous remercions la musique d’être aussi variée. L’artiste que nous allons vous parler aujourd’hui est un artiste qu’on apprécie particulièrement, à la fois pour son originalité et ses choix musicaux mais aussi pour le personnage qu’il a réussi à créer. 

Connaître Népal

            Clément Di Fiore ou Népal est un sans visage du rap français. Pour ceux qui n’auront pas capté cette référence à Game of Thrones, Népal fait partie de ces rappeurs comme Kalash Criminel, Kekra ou encore Siboy dont la réelle identité faciale est quasi inexistante. Membre de la 75e Session, il est, sous le pseudonyme « KLM », un beatmaker de renom. Il sera l’auteur de certaines pépites musicales comme Humanoïde de Nekfeu ou encore Jeunes Retraités de Doums et Alpha Wann. 

Mais Népal sait aussi donner de la voix. Il forme le duo 2Fingz, en compagnie de Doums, qu’on retrouva sur l’album Flip de Lomepal sur Lucy où ils réaliseront un des meilleurs passe-passe de la décennie. Mais ils ont aussi sorti leur projet La Folie des Glandeurs en 2013, dont le second opus se fait attendre avec des titres déjà sortis : One Punch Man ou C’est mort.

De son côté solo, en plus de son featuring sur Esquimaux de Nekfeu, Népal a déjà sorti deux autres EP : 444 Nuitsen 2016 et 445e Nuit en 2017. Voici quelques morceaux en solo ou en featuring qu’on vous conseille d’écouter : Rien de spécialYOLOSuga Suga, et Niveau 1.

Analyse KKSHISENSE8

Tout d’abord pour bien comprendre ce nouveau projet du rappeur parisien, il faut s’attarder sur le titre : KKSHISENSE8. Il se découpe en deux parties : KKSHI et SENSE8. « KKSHI » ou « Kakashi » est une référence au personnage de fiction Kakshi Hatake issu du manga du manga Naruto. C’est un ninja de Konoha, il se pourrait qu’il y ait une identification du rappeur à Kakashi. La seconde partie, « Sense 8 » est une référence directe à la série du même titre, où huit personnes, réparties à travers le monde, sont connectées sur les plans intellectuels, sensoriels et émotionnels. Et bizarrement, ce nouveau projet, comme son précédant 445e nuit, comporte huit titres… 

C’est sans surprise que l’EP, dont il a produit toutes les tracks, s’ouvre sur un mood musical calme aux sonorités asiatiques propres au rappeur. C’est avec le morceau Omotesando, en référence à l’avenue situé dans l’arrondissement Shibuya à Tokyo, que le projet démarre. En plus de la micro intro avec un instrument à corde japonais, on a tout au long de ce morceau des références aux animés comme Sangoten de Dragon Ball, Tobirama de Naruto ou encore Kilik issu de la série de jeux vidéo Soul. Et pour terminer ce morceau, on a une véritable outro d’une minute sur un mood musical qui nous transporte de l’autre côté du monde dans ce magnifique pays qu’est le Japon. 

Déjà présent sur les autres projets, cette influence japonaise qui a bercé toute une génération des années 90 semble ici être le réel fil conducteur du rappeur, car le second morceau s’intitule Evisu, en référence directe à la marque japonaise. Autant la manière de rapper du premier morceau était très proche d’un slam, autant dans celui-là Népal réimpose son flow sur une prod calme et planante. Mais dans le morceau Babylone qui suit, on a un changement musical brutal, aux sonorités tristes et mélancoliques, où le refrain vient se confondre aux couplets car il garde un flow constant lors du morceau.

Ensuite, le projet s’enchaine avec le premier featuring : Gracy Hopkins sur 150cc, en référence au fameux mode de jeu très rapide dans Mario Kart. Alors que le morceau semblait nous indiquer un morceau où la vitesse de kick allait être mise en avant, notamment avec le « May I have your attention please ? » d’Eminem au début, on a finalement affaire une démonstration de la technique lyricale qu’on retrouve aussi chez le rappeur américain. 

Le morceau qui suit City of Lights, reformant le duo 2Fingz, nous renvoi de nouveau dans ce mood imposé au début du projet, avec une prod qu’on pourrait trouver dans un animé. Au-delà de la qualité du morceau c’est avec un vrai bonheur de retrouver le duo dont le dernier featuring date de 445e nuit sur DeadpornstarsCity of Lights constitue un de nos morceaux préférés de KKSHISENSE8. Cette seconde collaboration vient s’opposer à la dernière du projet sur Necronomicon avec Bohemian Club. Le Necronomicon est un ouvrage fictif du mythe de Cthulhu, on ne sait pas sa réelle composition mais elle est d’origine maléfique. D’abord par le titre, opposition entre « light » et « necro » (du grec nekros : la mort ndlr), mais aussi au niveau musical avec une prod plus obscure. 

Enfin, l’avant dernier son Teczer est surement notre coup de cœur de ce projet. En effet, à la fois pour sa prod, pour le flow de Népal ainsi que le texte de ce dernier où l’on a des couplets denses avec des rimes externes et internes et un refrain simple formant une superbe homogénéité musicale en lien avec ce projet, dont ce dernier se clôture par Cloud8, un couplet unique sur prod planante sur un morceau court qui forme une belle outro. 

Pour conclure, ce nouveau et dernier EP de Népal prouve encore son détachement des autres styles de rap mais aussi sa qualité d’artiste entre des textes travaillés, des prods réussites et cette facilité à nous transporter dans son univers. Avec ce nouvel EP tout à fait libre de téléchargement ici, Népal laisse un message qui annonce que son prochain projet sera son premier album qu’on a hâte de l’écouter.