Enfant du Val d’Oise, c’est avec la quatrième saison de Nouvelle Ecole que le public a pu le découvrir. Passionné de rap français avant d’en devenir un de ses acteurs, cela fait plusieurs années qu’on suit Elten de près, il était temps d’échanger avec lui. 

J’ai grandi dans un contexte simple, uniquement avec ma mère. Elle écoutait beaucoup de musique. Elle raconte souvent que je dansais tout le temps sur Ces soirées là de Yannick quand j’étais petit (rires). Si je fouille dans ses disques, ça peut aller de Mickaël Jackson à 50cent en passant par Jamiroquai (rires). C’était assez varié bien que ma mère n’écoutait pas vraiment de rap en réalité. 

Elten, par 73shot©

Je pense que c’était vers mes 8/9 ans. Le premier rappeur français que j’ai écouté, c’était Sefyu. J’étais en vacances avec deux cousins, et l’un d’entre eux avait un Archos (rires) avec l’album Qui suis-je ?, et si mes souvenirs ne me trahissent pas, le premier morceau qui m’avait touché de Sefyu, c’était Matière grise. Et le premier morceau qui m’a donné envie d’écrire, c’est A neuf ans déjà de LIM, parce que j’avais 9 ans (rires). 

Oui des petits trucs à droite et à gauche, mais c’est vers mes 15/16 ans que j’ai pris ça un peu plus au sérieux. En fait, en 2019, j’avais pas mal de potes à Saint-Ouen qui me chauffaient quand je faisais des freestyles. À force, j’ai fini par aller au studio, j’y ai pris goût et je n’ai jamais vraiment arrêté. 

NAKE BETA YO – Elten

J’aime tellement la sensation de créer des morceaux que je pourrais écouter au quotidien. La satisfaction de terminer quelque chose. Et, comme j’écoute beaucoup de choses variées, je ne me fixe aucune limite créative. Au début, je ne faisais pas ça pour les sortir, c’était uniquement récréatif. Puis un jour, le frérot 73shot m’a proposé de faire un clip parce qu’il voulait se faire la main sur la réalisation, et depuis, on ne s’est pas lâché. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à prendre la chose au sérieux. C’est le destin qui m’a ramené sur cette route-là. Le premier morceau qu’on a fait, c’était Essentiel. On avait fait 1000 vues en 24h, c’était incroyable. Après, tous les morceaux que j’ai sortis avant 2023, ils sont durs à réécouter (rires).

Bien sûr ! Je suis content d’avoir des gens créatifs et déterminés autour de moi qui me font confiance et qui ont envie de travailler à mes côtés. Je les laisse vraiment développer leurs idées et je donne aussi mon avis. Par exemple, 73shot, c’est un vrai professionnel dans ce qu’il fait, il a vraiment une vision et de l’expérience, donc tu te laisses facilement guider. 

En sortant tous ces morceaux et ces projets, j’ai quand même eu un nombre de stream conséquent pour un inconnu. Autarcie a 100 000 streams, c’est fabuleux. Je suis content de les avoir faits parce qu’ils m’ont amené où je suis aujourd’hui. Je ne pense pas que j’aurais eu les mêmes portes s’ils n’avaient pas existé. Je suis content qu’ils soient là aussi pour les gens qui vont me découvrir par la suite et qui verront mon parcours. 

L’histoire commence à l’époque de la saison 2, où ils m’avaient contacté pour la faire, seulement, je n’avais pas été retenu à la fin. C’était une déception, mais au final, valait mieux. Je trouve qu’avec du recul, je n’étais pas assez prêt mentalement et musicalement. J’ai continué ma vie et puis en 2024, ils sont revenus vers moi alors que je travaillais en Allemagne. J’étais réticent et j’avais encore en tête le fait que ça n’avait pas abouti pour la deuxième saison. Finalement, j’ai accepté et cette fois-ci, j’ai été pris au casting final. Je pense que Netflix a dû kiffer ma personnalité (rires). Je suis nature peinture et totalement détaché de cette obsession que certains peuvent avoir en espérant qu’elle doit absolument changer leur vie. J’en ai absolument rien à faire, on verra ce qui se passera (rires). 

Elten par 73shot©

Je vais te dire ce que j’en pense et je l’ai dit dans l’émission, mais ils ne l’ont pas laissé au montage. L’émission, c’est une bonne et une mauvaise chose. Si on commence par le positif, c’est qu’il n’y a jamais eu une mise en avant aussi importante dans le rap français avant cette émission et elle permet réellement au public de découvrir des vrais talents. Cependant, je trouve qu’en fonction de comment leurs émissions sont montées, on sent qu’il y a une recherche de buzz et d’images pour faire parler sur les réseaux, quitte à sacrifier des jeunes carrières. C’est à double tranchant, soit t’es mis en avant, soit tout peut s’arrêter. Quand on accepte, on connait les risques. 

180 DEGRÉS – ELTEN

C’était un peu une colonie de vacances qui se retrouvaient quelques jours par-ci, par-là sur une période de 2/3 mois. Tu es à l’hôtel avec 30 rappeurs, tu rigoles, tu discutes, c’était une vraie expérience. Je suis très content de l’avoir fait même s’ils ont coupé beaucoup de mes moments (rires). Ça restera une belle expérience de vie. 

Clairement, tu passes moins pour un fou (rires). Peut-être que certains ne comprenaient pas ma démarche et ce côté artiste que j’avais en moi. Avec Netflix, ça leur donne quelque chose de concret. 

Je ne te mens pas, je l’ai surtout fait pour la reconnaissance. J’ai tellement rappé dans le vide que d’avoir des gens qui t’écoutent et te complimentent, ça te fait du bien. Je l’ai aussi fait pour montrer que je suis un bon rappeur. Ce qui se passera ensuite, je ne me pose pas la question, on verra bien. 

En vrai, j’allais déjà régulièrement en studio, l’émission n’a pas influencé ma manière de travailler ou ne m’a pas forcé à structurer ma musique au vu des retombées qu’elle aura sûrement. Je vais au studio, je fais des morceaux et quand ils me plaisent, on les peaufine pour les incorporer dans ce projet. Je n’ai pas pensé une seconde au fait que ça doit plaire aux gens qui m’ont découvert, parce que pour moi, ma musique reste égoïste. Si les gens l’aiment tant mieux, sinon tant pis, je resterai satisfait de ce que je sors. J’ai de l’ambition et je la cultive, mais je ne cherche pas à cocher des cases que j’aurais pu me fixer plus jeune. Je me laisse porter, et les miens sont là pour me guider. Après, j’aimerais beaucoup faire des scènes, rencontrer les gens qui m’écoutent et discuter avec eux, le partage, ça fait partie de mes ambitions.