Alors que cela fait des semaines que certains médias et internautes font un décompte du premier disque d’or d’Alpha Wann pour son premier album UMLA, qu’il a enfin obtenu, 16 Mesures revient sur les performances d’un rappeur respecté par son talent.
POINTILLEUX ET INTRANSIGEANT
Alors que dans Cascade Remix, Alpha Wann est dur avec lui-même en disant que ses projets de groupes étaient mauvais et que sa présence aux Rap Contenders étaient un fiasco, il a finalement réussi à devenir « le best quand il a mangé le fruit sa réflexion ». Si les textes d’Alpha Wann semblent toujours surprendre même après la 100ème écoute, c’est parce que l’artiste est hyper pointilleux sur les moindres détails.
L’homme aux multiples surnoms et à la fine plume, a gardé son véritable nom civil comme nom de scène : Alpha Wann. Si l’on devait résumer sa carrière, c’est des projets de groupe puis des projets solos. Entre 1995, L’Entourage et un projet commun avec Nekfeu, c’est finalement en solitaire que Phily Flingo va démontrer toute l’étendue de son talent.
Le Don aime créer scandale auprès des fans de la première heure en disant que s’il pouvait mettre à la poubelle son projet commun avec Nekfeu et certains morceaux de ses projets de groupe, il le ferait. Seulement les fans de la première heure savent que ce n’était pas mieux avant car le rappeur fait en sorte de toujours proposer mieux à chaque nouvelles sorties musicales.
LA TRILOGIE ALPH LAUREN : L’ENTRAINEMENT
L’explosion d’Alpha Wann vient de sa volonté de parfaire ses textes. Avant UMLA, il y a eu la trilogie des Alph Lauren. Au-delà de la référence évidente à la marque Ralph Lauren, il y a aussi une qualité de rap supérieur à la moyenne sans pour autant prétendre à être parfait. On s’explique. Malgré des morceaux merveilleux, parfois on ressent une volonté de faire de la rime pour faire de la rime sauf qu’on ressent aujourd’hui avec du recul plus une volonté de s’entrainer et de se trouver plus que d’impressionner.
En réalité, si, il y a quand même une volonté d’impressionner, mais pas de se vanter. Alpha Wann, comme l’a très bien expliqué le Règlement, garde cette volonté de faire le rap qu’il aime et devenir le meilleur aux yeux du milieu, en s’éloignant le plus possible de faire du commercial en supprimant l’âme pure du rap au profit d’une volonté de faire de l’argent.
Par ailleurs, en plus d’avoir dévoilé une trilogie d’EP, Alpha Wann a su performer dans des collaborations : Nekfeu, Nemir, Infinit’ ou encore S.Pri Noir et Sneazzy, mais il a également développé une technique inégalable dans la multi-syllabique et est devenu le roi de la formulation. Son talent semble tellement inné qu’il pourrait plier n’importe quelle prod en improvisation.
UMLA : VIVE LE ROI ALPHA I
Après une longue attente, le premier album d’Alpha Wann a fini par sortir en septembre 2018. Rien qu’à l’image, ce dernier semblait très pur dans son fond : un cover colorée par une photographie retouchée de Raegular, un nom : « Une main lave l’autre » qui revient aux sources mêmes des anciens noms d’albums de rap français et enfin un tracklisting : des featurings avec des membres proches et l’absence de collaborations dont le but est de chercher l’écoute comme Nekfeu ou Ateyaba qui étaient initialement prévus.
Entre des rimes internes/externes, des multi-syllabiques, des punchlines, des références, UMLA va au-delà d’un album classique mais plus un étalage parfait de ce qui se fait de plus travailler dans la musique urbaine en retirant tout ce qui pourrait être sujet au commercial. Pour au mieux savourer l’analyse et l’écoute d’UMLA, on vous réfère à la vidéo du Règlement.
Pour finir, le patron de Don Dada Records disait « très peu probable que je fasse un platine faut que je fasse un classique », qu’on écoute ou non, qu’on aime ou non, l’unanimité du monde urbain sera d’accord pour dire qu’Alpha Wann a sorti un classique, et peu importe la certification qu’il recevra encore à l’avenir, il a déjà obtenu la meilleure certification : le respect.