Mercredi dernier à 1:40 pm, Hamza a dévoilé un nouvel EP, composé de trois titres. Leur particularité : avoir un tempo mesuré à 140 BPM. Les 140 battements par minutes sont propres à la Drill, jeune genre de musique qui découle de la trap. Née à Chicago, il a fallu qu’elle traverse l’Atlantique direction Londres pour s’assombrir et acquérir une réputation très violente. C’est à son voyage retour pour New York que ce mouvement a été mis sous la lumière. Pour bien comprendre l’émergence de celui-ci, le 16 recommande vivement la vidéo du Règlement à ce sujet !
Si l’on retrouve en France de la Drill inspirée de celle produites par nos voisins britanniques, sa démocratisation mondiale inspire aussi de nombreux rappeurs moins underground. Après G’s Up Hoes Down et Benzo sur Santa Sauce 2, Hamza a construit un EP exclusivement autour des 140 BPM.
Les codes de la Drill
Hamza est entré dans ce mouvement en respectant certains de ses codes. Les nombreuses onomatopées sont récurrentes dans la Drill, et bien placées par Hamza. Wow et Brrr rythment les trois titres. Le thème des calibres et leurs bruits sont placés de nombreuses fois. Dans Netflix, le premier titre auto-produit par le bruxellois, il dit être « toujours du bon côté du flingue », le « P12 » remplit. « Je crois en Dieu et mon métal, j’la prends en doggy, j’la régale » rappe-t-il dans Henny Pop. Tandis que le Mini « Draco » AK-47 et les « grrr, tatata » rythment Nobu.
« J’ai de quoi rendre une bitch en love ou m’faire un ennemi
NOBU, HAMZA
J’suis en harmonie avec mon gang, Draco symphony »
Le thème sombre des drogues est lui aussi repris dans certaines phases. Hamza parle de la « Coca’ » de Mexico, les kilos sont emballés pour le go fast à « 250 sur la bande d’arrêt » (Henny Pop). « Nuage de blue cheese », « whisky » et « codéine », le rappeur oscille entre l’herbe, l’alcool et le sirop. Le mélange des thèmes mènent Hamza à l’écriture de telles phases : « Les bastos vont dans tous les sens, comme le regard d’un junkie devant une dose / On descend un homme et ils déposent une rose » (Nobu).
Hamza rapporte aussi le thème de la luxure et sa fascination pour les belles marques. Si Pop Smoke a son Dior, SauceGod a son Nobu. Cette luxueuse chaine de restaurants fondée par le chef japonais Nobuyuki Matsuhisa est réputée pour sa gastronomie mêlant cuisine traditionnelle japonaise et ingredients sud-américains. La maison Goyard, Louis Vuitton, Philippe Patek ou encore « GG » Guccio Gucci sont des références pour Hamza. Sans oublier qu’ « un nouveau milli’ et le henny’ pop », le Hennessy sa boisson favorite.
Le tout est regroupé dans des phases courtes et des punchlines tranchantes. Sur chacun des trois titres, ses flows évoluent et ses capacités à poser sur ces prods, aux placements complexes de snares et hi-hats, sont parfaitement démontrées. « Un peu d’respect, d’moins en moins de reufs, mais toujours plus d’espèce », le flow de Netflix est assez découpé, rythmé par phases courtes et des mots clés. « Avec un Glock en bas de mon bloc en Jordan One Blue Navy / J’ai perdu mon cœur en tombant en love avec la moula, baby », sur Henny Pop Hamza accélère légèrement son flow tout en gardant cette manière de découper. « Lundi Nobu, mardi Nobu, jeudi Nobu / Tellement de monnaie, ces jaloux sont persuadés qu’on fait du vaudou », la mélodie est cette fois très présente sur Nobu. Du grand Hamza.
Version Hamza
140 BPM a sa propre marque visuelle, édifiée pour l’occasion. L’écoute des trois titres est d’autant plus agréable au visionnage de leur clip. Réalisés par Hugo Bembi et Sacha Naceri, les trois clips ont le même tronc commun. Un joli noir et blanc, des images délicates, stabilisées pour la plupart et essentiellement fixés sur le principal intéressé. Contrairement aux clips de Drill habituels, Hamza n’est pas entouré de son gang pourtant cité à travers les titres. Hormis une image avec son fidèle compagnon Nico Bellagio dans les locaux Just Woke Up et une autre avec son chauffeur, la caméra se concentre sur l’artiste et le suit dans la nuit bruxelloise. D’abord au studio puis à la supérette pour acheter son Henessy (Netflix), Hamza monte dans le Merco’, fait un stop à la station essence et en prend soin à la station de lavage (Henny Pop). Destination le centre de Bruxelle, complètement fantôme et reservée à un seul homme pour de belles images dans les Galeries royales et sur le parvis de la Cathédrale (Nobu).
Sans compter les belles marques et les influences américaines sur ses pas de danses, ces visuels très élégants ne ressemblent pas à ceux de la Drill originelle et underground. Seul, pas de drogue ni d’armes à feu, les trois clips sont très cinématographiques et loin du « fait maison ». Pas de soucis à se faire, il ne sera pas poursuit en justice, ni amené à les publier sur Pornhub. A la manière d’un War de Drake, Hamza vient ajouter son empreinte au mouvement, plus orienté Brooklyn que London… et ça fait du bien à la Drill francophone.