À une ère où le rap se diversifie et que les sorties se multiplient, il est souvent compliqué de distinguer et d’affirmer avec certitude, qui représente véritablement le futur du rap français. Parmi les nombreux élus, Bekar a finit par nous conquérir avec le temps et prouver qu’il fallait mettre une vraie pièce sur lui pour devenir l’une des têtes d’affiches du rap français. 

Bekar par Antonin N’kruma©

Né l’année de la première étoile du maillot de l’équipe de France à Madrid, Alexandre Becquart a grandit dans le Nord de la France et plus précisément, à Roubaix dès ses 7 ans. Avec un père passionné de rock, le jeune Alexandre est bercé par des groupes comme Pink Floyd, The Cure ou The Doors. Entre des tensions familiales, un ennui scolaire, Alexandre commence à se chercher. Si ses premiers plaisirs interviennent avec le skate comme beaucoup d’adolescents de sa génération, en écoutant du Dr.Dog, c’est vers ses 15/16 ans qu’il va se passionner pour l’écriture et l’exercice du rap. 

« J’pensais pas qu’je pouvais percer car j’venais pas d’Île-de-France » – Destinée 

Bien qu’avec les réseaux sociaux, les barrières géographiques s’affranchissent pour laisser émerger des rappeurs venant de tous les horizons, il y a quelques années, c’était plus compliqué pour un roubaisien de se faire entendre, surtout qu’ils n’avaient pas les mêmes dispositions de matériels qu’à Paris pour produire de la qualité. Le premier qui a ouvert la voie, c’est Gradur, ce qui a permis à des artistes comme Bekar, BEN plg ou encore Zkr de finir par se faire une place. 

LA MORT A DU GOÛT – Bekar

Tout commence en groupe pour Bekar, dans un quatuor appelé la Green Connexion. Si certains membres lâchent l’affaire, celui qui a choisi son nom de famille comme nom de scène, continue et travaille avec passion son art. Loin d’être au départ le plus confiant, Bekar qui a grandit en écoutant Ma définition de Booba et des groupes parisiens comme 1995 et le Panama Bende, sait que le chemin sera long et qu’il faudra travailler en équipe. Encore en 2024, certains font parti de son équipage comme le beatmaker Lucci’ qui multiplie les apparitions sur les projets d’autres artistes comme Josman, PLK ou Georgio. 

Très intéressé par l’art, il commence des études dans le graphisme, mais l’envie de prendre le rap au sérieux va se concrétiser avec la création d’un premier projet : Boréale. Le projet sort en 2019 et propose une carte de visite de l’artiste auprès d’un public qui s’apprête à le découvrir. Au sein de ce dernier, on retrouve deux morceaux qui vont booster sa carrière. Le premier est La mort a du goût qui, encore en 2024, est son clip le plus visionné, et le second, ByeBye que Mahdi Ba va mettre en avant sur sa chaine. 

« À la maison, l’daron écoute The Cure, envie d’lui dire que la musique pour moi c’pas qu’une roue d’secours » – Effet mer

C’est alors le début du run du jeune artiste qui va créer son label Northface Records et rejoindre les rangs de chez Panenka Music de Fonky Flav pour travailler sur la suite de sa carrière avec l’arrivée d’un projet plus sérieux : Brique rouge. On ne retrouve aucun invité mais ce projet va le placer en tant que rookie à suivre attentivement auprès du milieu rap. 

LA BRANCHE – Bekar

2021 et 2022 vont être des années déterminantes pour le roubaisien qui va vraiment se distinguer par la sortie de son premier EP Mira auquel une seconde partie ajoutée l’année suivante formant ainsi Mirasierra. Un double EP porté par La branche, Opinel et surtout Magenta. En parallèle, le public le découvre médiatiquement avec un Wesh de Booska-P, mais également avec sa présence sur le projet de Raska avec le morceau Canada et dans des vidéos avec Mastu, dont ce dernier ne cache pas son amour pour la musique de l’artiste.   

Bekar par Antonin N’kruma©

La première véritable étape importante, c’est le premier album qu’il a dévoilé en 2023 : Plus fort que l’orage. Réalisé en quelques mois, l’album symbolise la fin d’un cycle pour le roubaisien pendant lequel des questionnements sur ce qu’il voulait faire et sur la construction de sa personne sont évoqués. Un album entièrement réussit et certifié qui marque une revanche face à ses épreuves et ses maux d’adolescents, d’où le titre « plus fort que l’orage ». 

« Il manquerait plus qu’j’devienne quelqu’un » – Quelqu’un

Cet album qui avait été amorcé par le single Razorlight, ce même morceau qui a été un déclic pour l’artiste pour la construction de ce premier album, a conquis tout un public le propulsant sous le feu des projecteurs, et surtout facteur d’un autre point : il représente l’une des futures têtes d’affiche du rap français. On vous conseille d’écouter l’extraordinaire morceau Effet mer, en collaboration avec Zinée. 

RAZORLIGHT – Bekar

Cette cover bleue, qui sera nuancée par le jaune d’une réédition, Plus fort, considérable comme un nouveau projet, vue qu’elle contient 13 titres, représente parfaitement la musicalité de Bekar par sa mélancolie, sa recherche d’espoir et ce bleu à l’âme constant qu’il transpire dans ses écrits. En bref, un artiste avec des rêves plein la tête qui a été bercé par le rythme de la pluie du Nord et son ciel gris récurent.  

Avec deux Olympia complets lors de cette fin d’année 2024, la route est déjà tracée et l’avenir semble ensoleillé pour la suite de sa carrière où mélodies et rap se mêlent pour former un art, intemporel bien que toujours instinctif.