Si Booba disait que de niquer des mères, il le faisait de bon cœur, nous on pourrait vous dire : écrire sur les mères, on le fait avec douceur. En effet, si le préjugé du « le rap c’est que des « nique ta mère » » continue encore de perdurer dans la bouche de ceux qui ne connaissent pas le rap et sa musique, néanmoins dans cette chronique nous allons vous parler de la relation entre les rappeurs et les mamans, et on va aussi parler du fameux « nique ta mère ».
Presque l’un des sujets préférés des rappeurs au point que certains aient des titres consacrés ou que le mot maman y figure comme SCH, Ninho, Djadja & Dinaz, Guizmo, Dinos.. La figure de la mère est importante pour les rappeurs, parfois vulgairement parfois comme une figure d’espoir.
L’ADOLESCENCE
Si la figure de la mère est souvent synonyme de conflits avec les jeunes garçons comme chez Maes dans Mama où il regrette de ne pas l’avoir écouté, elle reste pour le moins protectrice. Avec les années, les rappeurs parlent souvent de leurs mères en la remerciant pour leurs sévérités et leurs conseils. L’un des artistes qui parle le plus de son éducation reçu c’est Nekfeu comme dans Nekketsu : “J’remercierai jamais assez maman pour sa sévérité, ça c’est d’l’amour. Grâce à elle, j’me contente de peu“. Cette protection maternelle est présente chez Dinos dans Maman m’aime mais aussi dans Dieu ne ment jamais de Damso où le rappeur se rappelle que sa maman l’aime. Cette protection devient réciproque avec le temps où maintenant les protège : “J’leur souhaite la mort quand la daronne pleure toutes les larmes de son corps“ dans Fiers de nous de Niro.
“Maman, toi seule peux m’marcher dessus, le paradis est sous tes pieds“ – Nekfeu, Mal aimé
La déception est une sensation terrible, alors décevoir leurs mères qui pour beaucoup ont tout donné et se sont sacrifiées, c’est une peine difficile pour les rappeurs. Entre Alpha Wann qui se doit d’appliquer son éducation dans Vinyle, La Fouine qui rappelle qu’il ne faut pas mentir à la daronne, Lefa qui s’excuse pour l’absence de mot tendre dans Bitch et Ninho qui revends le cannabis en le cachant à sa mère dans Maman ne le sait pas par peur de la décevoir et de l’inquiéter comme dans Caramelo, chacun voit déception à sa porte, mais la réussite musicale finit par tout rattraper même les mauvais relevés de Nekfeu dans Mauvaise Graine : “On m’a viré de l’école depuis déjà deux mois mais maman vient d’tomber sur mes relevés“ ou quand Vald cache le fait qu’il consomme l’illicite dans Promesse. Néanmoins le plus beau couplet de la déception maternelle revient à Niro dans Perdu avec notamment la phase : “Même si j’dois crever la dalle, je ne mangerai pas ton argent sale“
En ce jour de fête des mères, important de rappeler à ces dernières qu’on les aime même si comme La Fouine parfois c’est compliqué d’avoir les mots. À leurs manières, les rappeurs font des déclarations comme Soolking dans Dalida qui dit que sa mère est sa seule patronne. Seulement, il y a des déclarations particulières comme Alkpote et Philippe Katerine dans le morceau Amour où le refrain est aussi beau que perturbant, ou encore Damso dans Âme pour deux qui parle de sa maman… enfin bref.
UNE FORCE
Cette force maternelle a été un moteur énorme pour les rappeurs et leurs volontés de tout réussir. Damso fait partie de ceux qui parlent le plus de sa maman, notamment pour les problèmes de santé qu’elle a connu et qu’il a de multiples fois évoqué notamment dans Graine de Sablier ou God Bless, mais également sur le chemin de sa réussite : “J’serai rappeur plus tard maman faut pas t’en faire. J’gagnerai des grosses thunes en disques et concerts“ (Mosaïque Solitaire) pour finir dans le morceau d’Ipséité : “Maman, j’ai fait mon premier million“. Il y a une vraie connotation de réussite que de faire profiter sa mère comme Kalash Criminel qui lui permet de faire 5000€ de shopping ou encore PLK qui veut qu’elle fasse des tours en Porsche dans Émotif.
“Maman dit « travailler c’est bien », bien mieux qu’être mal accompagné“ – Stromae, Papaoutai
Une mère est une conseillère et les rappeurs évoquent sous les conseils de cette dernière : Stromae sur le travail, Diam’s sur le respect, Youssoupha sur l’argent.. Mais cette image de conseillère, Aya Nakamura en rigle dans DjaDja : “J’suis pas ta daronne, j’te ferais pas la morale“. Néanmoins, on retrouve cette relation enfant/maman plus que fils/mère chez certains et notamment chez Booba dans son album Ultra qui a peur de ne pas y arriver à cause de tout ce succès et tout cet argent.
Malgré tout, les rappeurs souhaitent rendre leurs mamans fières de Shay à Gradur en passant par Hamza qui rappelle qu’elle a traversé des moments difficiles, voir son fils ou sa fille réussir c’est tout ce qu’elle les importe. Néanmoins, dans cette fierté de la mère et cette glorification, Ninho la place sur une colline de respect. En effet, dans ses morceaux sur la gente féminine, le rappeur rappelle l’importance que sa conjointe soit appréciée par sa mère : “Si t’es la bonne, j’te présente ma daronne“ (Rose).
Enfin dans les textes des rappeurs, il y a souvent cette évocation de perdre sa mère qui serait une tristesse importante, Avant qu’elle parte est sûrement le morceau rap, assez ouvert, qui traite le mieux le sujet. On retrouve aussi l’incroyable Allo Maman de SCH dans ce thème. Seulement certains rappeurs dont S.Pri Noir fait malheureusement partie, ont perdu leurs mères et font des hommages puissants comme dans son morceau Seck qui vient retracer le parcours de cette dernière.
LE FAMEUX NIQUE TA MÈRE
Bon alors, il fallait qu’on en parle. Faire une chronique qui traite de la relation entre les mères et les rappeurs, sans parler de la célèbre insulte “Nique ta mère“ qui vient définir le rap pour ceux qui ne le consomment pas, qui ne font pas l’effort nécessaire de le comprendre mais également ceux qui ont la fâcheuse tendance d’adroitement voter l’extrême. Alors oui, dans le rap y’a du « Nique ta mère » qui trainent dans quelques rimes, mais comme dirait Le Règlement : « la vulgarité a un effet percutant et un effet comique […] et que c’est plus efficace qu’un “je te méprise car tu es une personne peu respectable“ ». Cette insulte est fréquemment utilisée parce qu’elle vient toucher directement l’égo des rappeurs ou des personnes concernées par l’insulte, Kaaris reprend l’exemple du coup de boule de Zidane qui fait suite à cette insulte, dans Chargé : “J’insulte ta daronne comme Materazzi“.
Seulement cette insulte s’est perdue de son effet initial tellement elle a pu être utilisée comme le parodie Vald dans Bonjour. Rien que pour citer les plus gros, ils ont tous déjà dit « nique ta mère » en pleine rime : PNL, Nekfeu, Booba, Damso, Lacrim, Vald, Kaaris, SCH.. Mais parfois à des fins différentes. Aujourd’hui l’insulte vient soit dans l’esprit du morceau qui se veut être de l’égotrip en guise de poing d’honneur comme chez Booba régulièrement, soit elle ajoute un effet comique, soit un côté engagé comme chez Nekfeu dans Saturne : “Dans la mère à Manuel Valls, dans la mère à Donald Trump“.
Pour terminer, cette insulte a tellement été épuisée que certaines rappeurs innovent autour de cette dernière afin de provoquer le rire ou le choc auprès de l’auditeur, nous vous laissons quelques punchlines sympathiques :
“J’suis sur OKLM.com, ta daronne est sur Gleeden“ – Booba, Pinocchio
“J’leur baise tellement leur daronne qu’elles ont même du retard sur leurs menstrues“ – Kaaris, Bizon
“J’dis pas que vos mères sont qu’une bande de putes. J’dis juste que quand elles m’matent elles ont les yeux qui sentent le uc’“ – Dosseh, Infréquentables
“En niquant beaucoup d’mères, on s’bonifie“ – Booba, E.L.E.P.H.A.N.T
Comme à chaque fois que nous vous proposons une chronique qui vient regrouper un grand nombre de punchlines, nous n’avons pas pu citer tous les rappeurs et toutes leurs punchlines… Personne n’aimerait lire un article de 400 pages. Néanmoins, nous souhaitons une belle fête à toutes les mamans, et vous c’est quoi votre punchline préférée ?