Jacky Brown. Ce nom n’est pas seulement une œuvre signée Tarantino, c’est aussi celui que porte une personne importante du rap français. Si vous ne connaissez pas le nom, vous connaissez surement sa voix singulière et ses interventions mémorables. Ancien chanteur et rappeur, Jacky anime depuis 2016 la reconnue émission Couvre Feu sur OKLM Radio, chaîne du média OKLM fondé par Booba en personne. Il a pour habitude d’y inviter des rappeurs afin qu’ils posent librement leurs phases. Un bon moyen pour les artistes de prouver leur technique et leur capacité à freestyler.
Le samedi 11 juin, Jacky est accompagné de Dj Lord Issa et de Dj Phaxx. Non pas un, mais quatre rappeurs sont présents pour mettre le feu au studio. Le premier est Booba. Grand patron, il venait pour la première fois se confronter à Jacky Brown. A ses cotés se trouve le surdoué martiniquais Kalash. Son troisième album Kaos était sorti depuis peu et fut certifié disque d’or un mois plus tard. Niska est aussi de la partie. Zifukoro venait tout juste d’être dévoilé au public et connaissait déjà son succès. Le dernier rappeur, Damso était de la partie aussi, puisque Batterie faible allait être dévoilé le 8 juillet suivant. Les « 4 Fantastiques » se connaissent très bien, comme le prouvent ces nombreux featurings déjà signés à cette époque : Pinocchio de Booba et Damso, M.L.C de Niska avec Booba ou encore L’ennemi avec Kalash, Sans le savoir, ces quatre monstres signent ce 11 juin, un des freestyles les plus mémorables et marquant du rap français.
Le freestyle est essentiellement composé d’extraits de leurs morceaux respectifs. Le premier à se lancer dans la cage aux lions est Kalash. Le « Mwaka Boss » a commencé calmement avec son morceau E.T.. « Everyday a mama cry ». Niska prend le relai et impose sa trap avec un extrait de L’ennemi, le fameux feat avec Kalash.. Puis le ton change quand le Duc détale les punchlines d’Attila, extrait de Nero Nemesis. « D.U.C, je confirme on a touché la cible ». La Belgique reprend ses droits, Damso livre en exclusivité la première partie de l’explosif Périscope.
Pendant encore 18 minutes, les performeurs se renvoient la balle, enchainent les morceaux et les freestyles, et surtout font les backs. Niska s’amuse avec J’suis dans l’truc et Italia. Kalash ramène la chaleur des Antilles avec des extraits de Movezide, Musik,4 croisées ou encore Bad like me. Damso lui freestyle sur des textes écrits sur son BlackBerry – belle époque. Niska et Kalash lâchent eux aussi des phases inédites. Entre tout ça, Booba se promène sur son classique 92i Veyron et explose sur Salside.
Le freestyle se termine par Kalash qui reprend son titre Sound system. Le flow et la maîtrise de sa voix font que ces 24 minutes se terminent en apothéose. Ce freestyle est « historique man » dit-il à la caméra à la fin de l’enregistrement.
La singularité de chacun fait que la combinaison est dans son ensemble parfaite. Damso apporte sa technique et ses textes « nwaar ». Booba excelle dans la maitrise du vocoder, freestyler est un véritable jeu d’enfant pour lui. Niska nous bénit de sa trap et des backs qui lui sont propres. Enfin, Kalash montre tout son savoir-faire, du rap au dancehall, dans un mélange de français, de créole martiniquais et de patois jamaïcains. Le duo Niska-Kalash se détache tout particulièrement. De ce jeu se dégage une vraie complémentarité entre les deux.
Ce freestyle est encore plus beau quand on connait toute la réussite des trois artistes « mis en lumière » par Booba. Il est d’autant plus historique connaissant les nombreux conflits et les divisions actuelles de cet ex-quatuor. Sûrement Jamais nous ne les reverrons livrer une telle performance côte à côte. Conseils : ne pas hésiter à « Pull Up » et revoir cette vidéo « une fois, deux fois, trois fois, autant de fois qu’il le faudra ». Big Up Jacky.