2019 semble bel et bien partis pour être une des plus belles années du rap français, et PNL vient confirmer cette affirmation. Après plus de deux ans d’absence, leur retour se faisait plus qu’attendre et on fut servis comme des rois. Entre des coups de communications encore plus surprenants que jamais, un album alternatif avec un morceau bonus différent comme sur le précédant album, une Tour Eiffel, bref, Deux Frères semble avoir tout pour être l’album de l’année.
Connaître PNL
Frères dans la musique, mais aussi frères dans la vie. PNL pour « Peace N’Lové » est un duo indépendant composé d’Ademo (Tarik Andrieu, ndlr), le plus âgé, et N.O.S (Nabil Andrieu, ndlr). Les deux frères sont originaires de la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes dans le 91. Au-delà d’avoir un style musical de rap propre à eux, ils se distinguent aussi par leur absence médiatique ce qui explique le peu d’informations personnelles sur le groupe.
Pas une interview et pourtant tout le monde connait PNL. Le groupe a pour l’habitude de faire des coups commerciaux surprenants, et par l’intermédiaire de leur absence a toujours être présents. Après des essais chacun de leurs côtés jusqu’en 2011, c’est en 2015 que le groupe fait surface avec un premier EP : Que la famille, qui deviendra le fameux « QLF » souvent utilisé dans leurs textes. Dans ce premier projet, on retrouve les titres Je vis, je visser, Lala, Différents et Gala Gala.
Ce premier EP s’ensuivra la même année avec un premier album monstrueux Le Monde Chico dans lequel on retrouve le chef d’œuvre Le Monde ou rien qui porta le projet vers le haut avec des morceaux comme Oh la la, Plus Tony que Sosa, Porte de Mesrine et le classique Tempête. Ayant placé la barre très haute, les deux frères auraient pu faire estomper leur côte de popularité, mais ils sont allés encore plus loin en 2017 avec Dans la Légende, un album parfait, un classique du rap français avec notamment Da, Naha, Bené, Onizuka et l’incontournable Jusqu’au dernier gramme.
Analyse Album (Version Blanche)
Compliqué de pouvoir fermer les yeux sur PNL. Les coups de communication qu’ils font sont aussi excellents que surprenants. Entre un clip sur la Tour Eiffel pour le puissant Au DD, un clip aux images naturelles poignantes pour A l’ammoniaque, un live Youtube de presque 24h, des affiches partout et même une campagne avec Uber… Les deux frères ont tapé très fort en 2019. Pour ceux qui ne les écoutaient pas avant, l’impact médiatique semble moins impressionnant mais pourtant ils ont fait ce qu’aucun rappeurs n’avait fait jusqu’à ce jour.
Un album riche et surprenant ; voilà ce que propose Deux Frères. Adeptes du planant et de la mélancolie, Tarik et Nabil en ont dévoilé aussi dans ce nouveau projet. D’abord à travers A l’ammoniaque lors de l’été 2018, mais aussi avec le morceau Cœurs dont la notion de pluriel renvoie au titre de l’album. Mais ils ont surtout réalisé deux chefs d’œuvres mélancoliques. Autre Monde et Zoulou Tchaing. Deux gros coups de cœurs chez 16 Mesures à la fois pour leurs flows et leurs prods.
Tout en restant un peu dedans et tout en la quittant, la mélancolie se retrouve sur des morceaux comme Chang ou Kuta Ubud. Le premier est sans doute une référence au personnage dans Mulan qui chante le morceau Comme un homme, cela rentrerait parfaitement dans la thématique de l’album et Kuta et Ubud sont deux villes indonésiennes. Les deux titres démontrent la distance et le chemin parcouru pour en arriver à cet album. Ce style de morceau se retrouve sur les deux derniers titres de la version blanche : La misère est si belle et Capuche. A noter que La misère est si belle est un clin d’œil au morceau La vie est bellede l’album précédant, et prouve une nouvelle fois une évolution dans leur vision du monde.
Attention, l’album n’est pas que mélancolique, loin de là. Les frères Andrieu savent aussi très bien faire des morceaux entrainants comme le titre 91’s qui avait été dévoilé en août dernier et le morceau Hasta la vista qui est une expression d’origine latine pour dire « Adieu, Au revoir ! ». Ce dernier est très novateur et ressemble fortement à un titre beaucoup plus variété, il peut clairement plaire à un public plus large par sa vibe latine.
Par ailleurs, les rappeurs restent des kickeurs et l’album offre quelques morceaux kickés à ceux qui aiment les voir dans ce style. Entre un Au DD pour « Au détail » qui pourrait signifier aussi « Au Double Diamant » (1 Million de vente, ndlr) puisque Dans la Légende s’en approche rapidement. Mais aussi Celsius qui débutait déjà à la fin du clip A l’ammoniaque, avec la fameuse phase « On prend le rap, on l’encule à deux » qui résume parfaitement le parcours du groupe des Tarterêts. Enfin, on retrouve aussi le morceau Deux frères, fraichement clippé, qui reste un pur morceau d’amour fraternel devenu encore plus puissant avec ce clip qui retrace le chemin qu’ils ont fait.
Enfin, comme dans chaque album de PNL, on retrouve des OVNI, des morceaux qui font écarquiller les yeux et hocher la tête instinctivement même si ils sont totalement novateurs. Parmi ces OVNI, 16 Mesures en a repéré 4. Le premier est l’incroyable Blanka, qui ressemble fortement à un cri du cœur des deux rappeurs avec des couplets et refrains explosifs accompagnés de sonorités particulières. Ce style est aussi présenté dans Déconnecté. Dans un tout autre registre, on retrouve le superbe Shenmue en référence au jeu vidéo japonais, qui explique ces sonorités instrumentales asiatiques accompagnées des onomatopées propre à la culture japonaise à la fin de chaque phrase et au refrain. Dans cette vibe d’aliéné on peut y rajouter l’autre OVNI qu’est Menace.
Pour conclure, avec Deux Frères, PNL a signé un retour triomphal avec un album aussi riche musicalement que varié. Bien différent des deux autres albums et de l’EP, ce projet risque fortement de s’inscrire comme un des meilleurs de la décennie et surtout d’être l’album de l’année en compagnie de Ninho, bien que nous ne soyons pas à l’abri de voir d’autres surprises d’ici là… En attendant Deux frères est déjà certifié double platine (200 000 ventes, ndlr) en plus d’un mois et cela ne risque pas de s’arrêter là…