Plutôt discret en fin d’année 2018, Jok’air signe son grand retour dans le milieu musical avec un second album très riche musicalement et rempli de mélodies. Après Jok’Rambo, ce nouvel album est en référence au grand acteur américain John Travolta qu’il décline en Jok’Travolta. Après un concert bouillant au Cabaret Sauvage pour Drop et la sortie de quelques clips, 16 Mesures attendait l’album de pied ferme.
Connaître Jok’air
Melvin Félix ou artistiquement Jok’air, connait une adolescence aussi musicale que sportive à travers le rap et le basket. Le rappeur né en 1991 commence à faire ses preuves grâce au soutien de son frère Davidson qui lui offre des séances studios avec les anciens autres membres de la MZ. Bien qu’aujourd’hui, la MZ est terminée, elle reste un des groupes qui aura marqué toute une génération à travers ses morceaux comme Les Princes avec Nekfeu, Lune de Fiel ou encore Toi sur moi.
Jok’air était surement celui qui se distinguait le plus du groupe, à travers son flow et sa voix. Une voix qu’il a travaillée et qui lui a permis d’apporter plus de chants maitrisés dans sa carrière solo qui débute en 2017. Entre Jok’Pololo, l’incontournable Big Daddy Jok & Je suis Big Daddy, l’artiste parisien a su prouver au public que sa palette musicale était remplie avec des titres comme Squale, Indépendante, mais surtout avec le chef d’œuvre intitulé La Mélodie des quartiers pauvres.
Mais dans chaque carrière d’artiste, il y a des étapes à passer, et celle du premier album. C’est en 2018 que Jok’air dévoila Jok’Rambo en référence au célèbre personnage du 7ème art. Ce projet divisa les avis mais garde néanmoins quelques pépites tel que : Maintenant, Aquarium, Mon survet ou encore le très puissant TSN par son thème abordé. Par ailleurs, Jok’air a aussi souvent été convié pour des featurings et récemment sur Amiants avec Shy’m, Vilain avec Alkpote & Myth Syzer ou encore Fossette avec Usky.
Analyse Jok’Travolta
Le nouveau projet du Big Daddy s’ouvre avec le morceau Pour mes supporters. Ce titre introductif est dédié à tous ceux qui le supportent, à la fois qui lui permettent de vivre sa vie actuelle malgré qu’elle reste tourmentée mais aussi qui lui permettent de s’exprimer sur différents sujets. Ce morceau vient être l’opposé de l’ultime titre du projet Du sang et des cendres, dans lequel on retrouve différents pics aux personnes qui l’ont entourés et trahies. Avec ces deux morceaux aux extrêmes de l’album, on se doutait bien que Jok’air allait s’exprimer avec le cœur dans ce projet.
Quand on s’exprime avec le cœur, les premières paroles qui viennent sont celles de la tristesse ou de la colère, qui sont des sentiments forts qu’on a parfois du mal à évacuer. Entre un Jok’Travolta puissant poussé par la douleur qu’il ressent, Les yeux sont sur nous où il parle de sa célébrité et du jugement de ceux qui ne l’apprécient pas accentué par A la poursuite du bonheur, Jok’air se livre. Par ailleurs, dans chacun de ces morceaux il y a plusieurs références bien exécutées sur l’exploitation des colonies africaines et les différents traitements qu’on fait si l’on est blanc ou noir. Enfin, le quinzième titre est Papa, en collaboration avec La Dictatrice qui n’est autre que sa nièce de 5 ans. Ce morceau aussi touchant que poignant est un véritable chef d’œuvre à la fois pour le texte, la prod mais aussi le génie d’avoir mis la voix d’une enfant qui apporte une certaine sensibilité et une référence au Little Daddy Jok qu’il était avant.
Jok’air, bien qu’il ait une musicalité variée aujourd’hui, reste un artiste issu du rap et cet album ne fait pas exception de quelques kickages dans Club des 27, Scarla ou encore 4-5 avec R.O.C et Chich qu’on avait retrouvé sur des projets précédents de l’artiste. Le morceau Vincent Vega est en référence au célèbre personnage de Pulp Fiction joué par… John Travolta, tiens tiens tiens.
Que serait un album de Jok’air sans un peu d’amour et de sexe ? Tout simplement pas un album du Big Daddy. Là où certains sont gênés d’en parler dans leurs morceaux, l’artiste parisien ne se pose pas de questions. Dans Jok’Travolta, on retrouve les différentes étapes dans des relations :
- L’Attirance : En conviant l’artiste marseillais Alonzo, Jok’air s’est offert l’un des hits de ce début d’année 2019. Comme tu es démontre un amour et une attirance pour une femme au coeur noir mais au corps d’or dans un morceau entraînant et mélodieux.
- Le Sexe : De manière raffiné sans jamais être vulgaire, Jok’air parle souvent de sexe dans ces morceaux et l’incroyable Bonbon à la menthe est l’un des plus réussi de sa carrière. Par ailleurs, il convie Mallaury pour l’outro, ce qui apporte une touche très sensuelle au morceau. Cette forme musicale se retrouve aussi sur Jay-Z & Beyonce avec Suky pour conclure le morceau d’amour de façon douce. En plus de partager ces types de titres avec des femmes, sur Ola Ola, Jok’air convie Sadek pour un morceau entraînant et réussi. Les deux artistes avaient déjà collaboré sur La Tour dans VVRDL du rappeur.
- Le Comportement : Lorsque l’on écoute les textes de l’artiste parisien, il parle souvent de son mauvais comportement à l’égard du sexe opposé, c’est avec son compère Laylow qu’ils dédient un morceau complet sur leurs comportements de Gangster & Gentleman.
- Le Mariage : C’est la première fois que Jok’air en dédie un morceau complet. C’est sur un sample proche de Stranger Things, une superbe mélodie et une envie de l’écouter en voiture sous un coucher de soleil ouest-américain que Big Daddy Jok nous a livré sûrement l’un des meilleurs morceaux de sa carrière : Las Vegas.
- Le Manque : Sur le magnifique Nos souvenirs, Jok’air a convié deux femmes, Chilla et Yseult, pour un morceau très personnel sur les souvenirs d’amour et le manque de l’autre.
Enfin pour finir, Jok’air avait promis aux auditeurs de faire un morceau de la célèbre Web Radio : Radio Sexe de Kameto & Kotei. C’est chose faite en bonus de l’album. Cette émission a pour but de parler sans tabou de sexe et de cul (on parle aussi français chez 16 Mesures, ndlr) à travers des histoires d’auditeurs pour passer un bon moment en proposant des solutions à leurs problèmes tout en les vannant. Kameto, Kotei, Zack Nani (Fnac Darty pour les intimes, ndlr), Joël et ses dédicaces, Yass mais aussi Prime, rythment les dimanches soirs de plus de 40 000 auditeurs minimum. 16 Mesures donne toute sa force à l’émission.
Pour conclure, Jok’air a réussi à transporter son public dans son univers de la première mesure à la dernière dans ce nouvel album très personnel. Depuis Jok’Rambo, on sent que Big Daddy a vécu de nouvelles choses et a travaillé dur pour produire cet album écrit avec le coeur. Le nouveau Papa du Rap-jeu avait promis l’album le plus mélodieux de l’année, et peut être fier de son nouvel enfant musical qui est un album aussi mélodieux que magnifique.