D’abord très actif avec le groupe Panama Bende, puis en solo depuis plus d’un an avec la sortie de deux mixtapes : Ténébreux et Platinum, dont cette dernière était notre première analyse en avril dernier. Le jeune rappeur PLK, dévoile enfin son premier album, qui s’intitule Polak en référence à ses origines polonaises.
Connaître PLK
PLK, de son véritable nom Mathieu Pruski, est dès son plus jeune âge surnommé « petit polak » en référence à ses origines polonaises. Grandissant dans le 14e, PLK est pris d’amour pour le rap. Engrainé par les autres amateurs de rap de son quartier, il côtoie les membres de l’Entourage comme Nekfeu ou Alpha Wann et rencontre aussi les futurs membres de son groupe Panama Bende. Pas forcément fait pour l’école, il travailla pour un garage tout en travaillant son flow et son écriture.
Poussé par les membres d’1995, ils lui laissent l’occasion de s’exprimer lors d’un soir de planète rap à 14 ans. Bien qu’il ait sorti deux EP respectivement en 2015 et 2016 : Peur de me tromper et Dedans, c’est à travers son groupe du Panama Bende que PLK va connaître ses premiers succès. Avec les projets Bende Mafia en 2016 et ADN en 2017 et des morceaux tels que Avé, Fêter ou encore Mon squad, le groupe va sillonner la France pour faire retentir leur musique.
Propulsé par le succès du Panama mais aussi par la réussite d’Aladin 135, aussi membre du groupe ; PLK va sortir sa première mixtape Ténébreux en 2017 dont le titre éponyme du projet fera de lui un rappeur prometteur, à noter les excellents Du Mal et All Night. Il ne perdra pas son temps en sortant une seconde mixtape intitulée Platinum, très proche d’un album. Avec des morceaux comme Pas les mêmes, A A A, High ou encore Dis-moi oui, ils feront de lui une des révélations de la scène du rap francophone de ce début d’année 2018.
Analyse de Polak
Après avoir annoncé sa sortie, créé un morceau en 1h30 appelé Chaud, PLK dévoile la cover et le titre de son premier album : Polak. La pochette réalisée par Fifou, est surement celle la plus aboutie des projets du rappeur. Ce qui marque à la première vue c’est le choix des couleurs, qui viennent former le drapeau de la Pologne. Mais ce qu’on remarque surtout sur la cover, c’est l’ours tenu en laisse par le rappeur. Cet ours brun est très célèbre, il s’appelle Beely et on l’avait déjà vu dans le clip du même nom de JUL. Sa présence sur la pochette est une référence à Wojtek (ours en polonais, ndlr), pas l’excellent showman des Rap Contenders, mais à l’ours trouvé en Iran par la 22ème compagnie d’artillerie du deuxième corps polonais, il aida notamment à transporter des munitions lors de la bataille de Monte Cassino en 1944, il est devenu un symbole pour le pays par la suite.
Ce qui est important dans un album c’est de respecter une ligne directrice et dans celui de PLK, elle semble claire dès le titre. On retrouve, à l’image de son pays d’origine, une ambiance très chaleureuse notamment grâce à sa voix mais dans un climat assez froid à travers certaines prods et certains thèmes qu’il choisit d’évoquer. Et cet univers que le rappeur souhaite nous dévoiler se ressent à travers l’égortrip qu’il met dès l’Intro. Sur une prod incroyablement frissonnante, le rappeur n’hésite pas à s’exprimer et à nous mettre dans l’ambiance du projet. PLK nous avait fait part de sa démonstration de kickage déjà dans ces projets antérieurs et c’est tout à fait logique qu’on en retrouve dans son premier album dans des morceaux comme Séparer, 250, Olcho Gvng ou encore dans Weed où le refrain vient attiser le feu des couplets pour nous faire planer.
Un album est beaucoup plus personnel qu’une mixtape ou qu’un EP, et un premier album encore plus, donc c’est sans surprise qu’on découvre des morceaux beaucoup plus personnels sur le rappeur. Dans le morceau Bunkoeur, PLK dévoile ce qu’il ressent envers le sexe opposé, un morceau au refrain agréable et aux paroles touchantes où l’on peut facilement s’identifier.
Dans un même style musical, on a aussi le très bon morceau : le Sel, où petit Polak parle du quartier, de ce qu’il a vécu, de ce qu’il s’y passe et notamment à travers le refrain « le quartier, c’est fade, l’argent rajoutera le sel » où il explique qu’il suffit de rajouter un peu d’argent pour moins s’ennuyer, et ainsi quitter cette routine mélancolique qu’exprime le morceau.
A l’opposé de morceaux plus mélancoliques, on a certains morceaux plus entrainants comme Polak, qui est le coup de cœur du moment de 16 Mesures par son refrain entêtant, mais aussi Monégasque et le surprenant Ils nous comprennent pas dont le mood très dansant se rapproche du style de Dis-moi Oui. Et nous le validons très fort.
Dans l’aspect très personnel on ressent par ailleurs un véritable amour de la famille. D’abord une certaine fierté d’être d’origine polonaise, mais aussi une certaine volonté de faire du rap pour aider ses proches et les protéger : « J’garde la cage familiale comme Dida » dans Woaw (Dida était un très grand gardien de football brésilien et de l’AC Milan, ndlr). Cela se ressent encore plus dans le morceau Idiote qu’il dédie à sa mère. Bien que cela semble d’une certaine ironie, le morceau est en réalité très personnel et très touchant, un style qu’on n’avait pas retrouvé chez le rappeur dans ses deux mixtapes.
Cet album représente aussi un véritable aboutissement de tous les projets précédents. Bien qu’on aurait aimé retrouver le fameux « Vendre, fumer, j’fais les deux ; Tu veux le feat gros, mets les E. » du classique Ténébreux qu’on avait retrouvé dans son Freestyle dans Rentre dans le Cercle et dans le morceau High ; on retrouve néanmoins quelques allusions. Par exemple on retrouve le fameux « Nouvelle Mixtape, Nouveau Flow » de Pas les mêmes de manière détourné dans l’Intro par « Nouveau flow, premier album, pas d’nouvelle mixtape ; Flow elastique, PLK kick comme un X-Men ».
Enfin, après avoir invité Lefa sur son projet précédant, c’est avec évidence qu’on retrouve Nekfeu sur le premier album du rappeur de Clamart, mais avec surprise que l’on découvre deux autres guests : SCH et Paluch. Alors qu’on aurait pu imaginer Krisy qui était présent sur les trois derniers projets du rappeur ou encore des membres du Panama, c’est finalement le grand rappeur marseillais SCH et le rappeur polonais Paluch que l’on retrouve sur l’album. Avec Nekfeu, les deux rappeurs retournent aux sources du rap qu’ils aiment et qu’ils connaissent. On ressent une volonté de vraiment se faire plaisir avant de faire un titre à succès. Dans une toute autre complicité, le morceau Hier avec SCH, ce dernier réussit à emmener le polak dans son unviers pour créer une véritable tuerie. Enfin, l’ultime featuring est avec Paluch sur Gozier. Paluch est un grand rappeur polonais et bien que l’on comprenne rien à son couplet en polonais, on entend que c’est un cracheur de feu et que son énergie tellement forte nous oblige à nous ambiancer et à faire un yahourt de son polonais.
Pour conclure, le premier album de PLK est un album vraiment très complet musicalement pour que tout le monde soit satisfait, car lorsque l’on sonde notre entourage pour savoir leur morceau préféré, chacun répond un morceau différent. Polak vient conclure de la meilleure des manières, la trilogie contenant Ténébreux et Platinum. Nous attendons maintenant ce que PLK va nous réserver… un second album ? une nouvelle mixtape ? un nouveau projet avec le Panama Bende ? Seul l’avenir nous le dira…